Qui sommes-nous ?

Photo : Nnoman

Le projet que nous portons traduit un processus de recomposition politique en cours. Nous sommes pour la plupart issu-e-s des mouvements de ces dernières années (des luttes contre les violences policières au mouvement contre la Loi Travail en 2016, du soutien à la grève des cheminots en 2018 aux mobilisations antiracistes et antifascistes en passant par les occupations d’université, les actions contre la « mascarade présidentielle » en 2017, la participation au soulèvement des Gilets Jaunes depuis novembre 2018) et avons donc en partage une expérience commune, tout en appartenant à des groupes, réseaux ou collectifs différents. À travers la coordination qui donne naissance à ce média, nous entendons dépasser certaines frontières internes au milieu militant – qui n’apportent que dispersion et faiblesse pratique : partir de la diversité de nos parcours et de nos sensibilités pour nous rassembler autour de perspectives affirmatrices.

Un média partisan. Nous voulons assumer cette conviction qu’il n’y a de politique qu’organisée. De toute évidence nos outils d’intervention ne sont pas aujourd’hui à la hauteur du mouvement réel. Et notre désorientation stratégique se vérifie à chaque nouvelle explosion sociale. Or pour inverser durablement le rapport de forces, il nous faut un horizon commun, et des forces susceptibles de l’exprimer. Il nous faut un plan de bataille. Reposer la question de l’organisation, c’est anticiper l’étape qui vient, sortir du règne exclusif de la tactique, élaborer une temporalité indépendante, plus longue et plus maîtrisée, qui ne soit pas dans la seule réaction aux initiatives de l’adversaire. C’est produire des formes qui subsistent et résistent à la nécessaire finitude des mouvements.

Un média de l’enquête militante. Non, la politique ne se fait pas (uniquement) entre ami-e-s. Nous souhaitons nous appuyer sur l’enquête comme méthode de travail politique, afin de sortir de la clôture affinitaire, populariser les luttes, approfondir les liens tissés ces derniers mois, les faire consister en dehors des seules périodes d’agitation et de mobilisation. Dans le but de co-produire de nouveaux outils d’analyse et d’organisation capables d’appréhender les formes contemporaines de la domination sociale et saisir les comportements qui la combattent au quotidien. Il s’agit de trouver les moyens d’établir une communication permanente entre composantes sociales hétérogènes, favoriser la circulation des foyers de révolte pour gagner en force collective. Ces rencontres devront permettre au média d’être adossé à un processus pratique, et non seulement à des élaborations intellectuelles séparées. Par la mise en œuvre de dispositifs d’enquête et de liaison populaire, nous espérons contribuer à la formation d’un réseau, à la construction d’alliances égalitaires.

Un média autonome. La politique d’émancipation se pratique à distance de l’État et des institutions officielles. Qu’il n’y ait plus rien à attendre de la sphère moisie de la représentation et du parlementarisme, c’est là une évidence de plus en plus partagée. Il nous faut en déplier les conséquences. Si l’autonomie comme orientation politique est de nouveau à l’ordre du jour, c’est notamment de ce qu’elle réunifie deux dimensions trop souvent disjointes du combat révolutionnaire : faire émerger de nouvelles formes de solidarité et de coopération sociale, expérimenter au présent les prémices de la société que l’on désire, préfigurer le communisme dans les luttes elles-mêmes d’une part, saboter le contrôle étatique du territoire, désarticuler le commandement capitaliste, affronter les oppressions qui structurent notre monde, nourrir la révolte contre l’intolérable d’autre part. L’unité de ces deux moments se donne dans la construction et la diffusion du contre-pouvoir populaire.

Un média internationaliste. La réalité du prolétariat aujourd’hui, en France et dans le monde, est déjà une réalité internationale – qu’il nous faut assumer politiquement. Cette réalité détermine un nœud insécable entre différents fronts : guerre de classe, antiracisme et anti-impérialisme. Lutter ici même contre le racisme structurel (qui frappe d’abord la fraction des classes populaires la plus exposée à l’exploitation, celle issue de l’immigration post-coloniale), donc mettre en avant la nécessité d’une liaison effective entre les militant-e-s des centres-villes et le prolétariat précaire, largement racisé, des quartiers et des périphéries urbaines ; lutter contre les logiques impérialistes à échelle globale, affirmer un soutien sans ambiguïté à la résistance du peuple palestinien : ces combats n’en font qu’un. Pour nous, l’internationalisme ne se résume pas à des indignations morales ou des convictions de papier : c’est une lutte qui se mène au cœur même des métropoles capitalistes.

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