Qui est Antoine Oziol de Pignol, le fasciste qui porte plainte contre Antonin Bernanos ?

Dans la nuit du 15 au 16 avril 2019 à Paris, aux abords de la cathédrale Notre-Dame en feu, une confrontation éclate entre des militants antifascistes et des membres des groupuscules d’extrême-droite Zouaves Paris, Milice Paris et de Génération Identitaire. Ces derniers sont mis en déroute.
Immédiatement le fasciste Antoine Oziol de Pignol porte plainte : cinq antifascistes sont mis en examen et l’un d’entre eux, Antonin Bernanos, est placé en détention provisoire alors qu’aucun des militants fascistes n’est inquiété.

Sur la seule plainte d’Antoine Oziol de Pignol, qui dit avoir reconnu « celui du Quai de Valmy », Antonin est maintenu en détention depuis près de six mois et subit un véritable acharnement judiciaire. Celui-ci conteste les faits qui lui sont reprochés, et le vide du dossier le concernant ne laisse aux autorités que l’option de la manipulation : preuves erronées, nouvelles affaires à charge, mensonges et négation totale du principe de présomption d’innocence – autant de procédés systématiquement mis en oeuvre dans l’affaire dite du Quai de Valmy ou celle de Tarnac. Sa détention est uniquement fondée sur son profil de militant et sa condamnation dans l’affaire du quai de Valmy1.

Acharnement pénitentiaire et judiciaire

Tout d’abord, la décision de son incarcération a été prononcée par un magistrat proche de l’extrême-droite, Charles Prats2, qui s’illustre sur Twitter dans des saillies contre les Gilets jaunes, les antifascites (« nervis d’extrême-gauche ») et les écologistes.
Il se prononce de nouveau pour un maintien en détention lors d’une demande de mise en liberté en juin en invoquant des motifs ridicules.

De son côté, la juge d’instruction en charge de l’affaire, Sabine Khéris, n’instruit pas le dossier. Les permis de visite de sa famille ont été accordés après deux mois d’attente, sur une requête déposée à la chambre d’instruction, et les courriers d’Antonin sont bloqués depuis le début de son incarcération. La juge s’est toujours opposée à la libération d’Antonin alors même qu’elle ne menait aucun acte d’instruction et qu’aucun élément du dossier ne permet de le mettre en cause.

Enfin, suite à l’ordonnance de la juge des libertés et de la détention Isabelle Lemaire décrétant le non-renouvellement du mandat de dépôt d’Antonin et son placement sous bracelet électronique, Khéris décide d’audiencer Antonin le 20 août, soit deux jours après la date de sa potentielle libération : un coup de pouce à peine voilé à l’appel de la décision déposé par le parquet de Paris. Antonin est finalement maintenu en détention sur décision de la cour d’appel. L’audience ordonnée par Khéris a eu lieu : la juge n’a posé aucune question à Antonin et lui a présenté des éléments d’un dossier judiciaire qui n’était pas le sien.

Parallèlement à cet acharnement judiciaire, l’administration pénitentiaire s’est employée à déstabiliser Antonin et ses proches. D’abord détenu à la maison d’arrêt de Fresnes, Antonin s’est vu assigner un statut de « détenu médiatique » en raison de son « appartenance à la mouvance d’extrême-gauche », statut officieux permettant une surveillance accrue et un isolement sans recours judiciaire. Alors que les permis de visite étaient enfin accordés à ses proches et que des dispositions avaient été prises pour qu’il puisse poursuivre ses études, la direction interrégionale des services pénitentiaires a décidé de son transfert soudain à la maison d’arrêt de la Santé, selon des motifs fallacieux et mensongers. Quelques jours plus tard, Antonin était averti d’une proposition de transfert en dehors de l’Île-de-France. Le transfert à la Santé était destiné à n’être qu’un transit vers une prison éloignée, afin de le déstabiliser et de le couper de sa famille et de ses soutiens. Aujourd’hui, Antonin est toujours détenu à la Santé, mais sa situation reste instable.

Qui est Antoine Oziol de Pignol ?

Depuis six mois, un militant antifasciste qui lutte aux côtés des Gilets jaunes, des collectifs de quartiers populaires ou encore de sans-papiers, dort donc en prison du fait de la compromission avérée entre les magistrats, le parquet et le pouvoir exécutif, qui font d’Antoine Oziol de Pignol une pauvre victime innocente pour cacher le caractère politique de l’incarcération d’Antonin. Car il faut rappeler qui est Antoine Oziol de Pignol, membre des franges les plus violentes de l’extrême-droite parisienne.

Il est membre du noyau dur de Génération Identitaire, cette organisation qui milite pour la « remigration » des personnes immigrées dans leur « pays d’origine », s’alarmant contre un « grand remplacement » imaginaire, tout en jouant les supplétifs de la police aux frontières et des gardes-côtes de Frontex, dans des actions coup-de-poing au col de l’Échelle dans les Alpes pour empêcher des migrants de rentrer sur le territoire français – voire carrément les livrer aux forces de l’ordre -, ou en Méditerranée pour empêcher les bateaux humanitaires de pénétrer dans le territoire maritime européen. Génération Identitaire, que l’on a vu s’illustrer par son racisme décomplexé et ses exactions dans un reportage diffusé sur Al Jazeera3.

Génération Identitaire, source d’inspiration du terroriste suprémaciste blanc Brenton Tarrant, qui a assassiné 51 personnes musulmanes lors des attentats de Christchurch en Nouvelle-Zélande au mois de mars dernier. Génération Identitaire, enfin, dont le local parisien a été perquisitionné le 26 janvier au matin, alors que plusieurs militants du groupe étaient entrain de s’équiper pour aller « casser de l’antifa » lors d’une manifestation des Gilets jaunes4. Antoine Oziol de Pignol est également membre de la Milice Paris, bande de hooligans de l’ex-Kop of Boulogne (KOB) du PSG, une tribune de supporters qui se définissait comme « nationaliste et blanche », adepte du coup de poing et hostile aux groupes cosmopolites et antiracistes.

On voit bien ici comment les militants néofascistes, malgré leur posture « anti-système » et leur déguisement de « hooligan », jouent encore et toujours les supplétifs de la répression d’État, que ce soit par le harcèlement des migrants ou des « classes dangereuses » ou en collaborant à ce type de montage répressif contre un militant révolutionnaire.

Après l’échec de leur tentative d’infiltration et de récupération du mouvement des Gilets Jaunes – et ce malgré le soutien indirect dont ils ont bénéficié de la part des médias et du gouvernement, ayant tout tenté pour assimiler Gilets Jaunes et extrême droite – il ne leur reste plus qu’à collaborer avec la préfecture pour faire tomber ceux qui sont désignés dans les fantasmes de la police et des médias aux ordres comme les « meneurs » d’un soulèvement qui n’en a pas.

Les antifascistes sont donc une fois de plus la cible d’un acharnement judiciaire qui s’inscrit dans une criminalisation croissante des mouvements sociaux. Depuis quelques années, la figure de l’antifa est au cœur de la répression étatique et des récits médiatiques les plus délirants. Il n’est pas anodin que ces militants, très investi-e-s au sein d’un mouvement des Gilets Jaunes faisant face à une répression policière de masse, soient à nouveau ciblé·e·s. C’est à la lumière de ce contexte politique qu’on doit comprendre l’acharnement que subit Antonin Bernanos aujourd’hui.

Qui est Antoine Oziol de Pignol, le fasciste qui porte plainte contre Antonin Bernanos ?
Palmarès de pookie
  1. https://www.streetpress.com/sujet/1563377190-antonin-bernanos-prisonnier-politique
  2. https://www.nouvelobs.com/justice/20190701.OBS15201/
    nervis-d-extreme-gauche-lache-l-impartialite-du-juge-qui-
    maintient-antonin-bernanos-en-prison-interroge.html, https://
    www.humanite.fr/cest-un-monde-limpartial-juge-prats-674344
  3. https://
    www.francetvinfo.fr/politique/front-national/cinq-questions-sur-
    generation-hate-le-documentaire-polemique-d-al-jazeera-sur-
    un-bar-identitaire-de-lille_3100807.html
  4. http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-descente-de-
    police-chez-les-identitaires-26-01-2019-7997595.php
Partager