Pour l'amour et l'avenir de nos enfants : des écolos derrière les mères du Mantois

Le 6 décembre 2018, à Mantes-la-Jolie, des élèves des lycées Jean Rostand et Saint-Exupéry se mobilisent contre la réforme du bac et bloquent leurs établissements. La police intervient brutalement, les traque et en arrête 151 pour les placer, à genoux et les mains sur la tête, dans un terrain vague. Comble du cynisme, un policier se filme pour immortaliser cette humiliation. « Voilà une classe qui se tient sage”. Le scandale est immense, mais l’impunité policière sera totale.  Dans les semaines qui suivent des lycéen-ne-s, des étudiant-e-s, des gilets jaunes, des manifestant-e-s se mettent elles et eux aussi, en signe de solidarité, à genoux devant des lignes de police. 

Un an après, les mamans de ces lycéen-ne-s organisent le 8 décembre une marche à Barbès à 14h pour demander la justice et la dignité, pour que cesse le harcèlement policier dont sont victimes leurs enfants, spécifiquement liés à cette affaire et plus globalement en tant que jeunes habitants et habitantes de quartiers populaires. Elles demandent à toutes et tous de venir, en signe de soutien, pour que « les événements de Mantes » ne restent pas impunis, pour qu’ils ne se reproduisent plus jamais. 

Certes, ce 8 décembre sera aussi « la journée mondiale du climat », et une marche sera peut-être organisée à cette occasion, s’imaginant peser sur les décisions des puissants réunis à Madrid pour la COP25. Les COP s’enchaînent, les marches climat aussi et rien ne semble capable d’enrayer le cours du désastre. Sûrement que les dirigeants n’en ont finalement pas grand chose à faire, mais plus certainement, une lutte écolo qui ne parlerait que de climat, serait une lutte impuissante. Trop abstraite, trop lointaine, trop universelle, pas assez sensible.

C’est pour cela que nous, militant-e-s écolos, n’irons pas manifester pour le climat, mais nous serons derrière les mères du Mantois.
Parce que nous aussi, nous sommes jeunes et mobilisé-e-s. Nous avons marché, fait grève, bloqué des axes routiers ou des centres commerciaux, et nous avons eu un avant-goût de ce que peut être la répression. Mais quand nous disons nous « rebeller », la police ne nous traque pas, elle ne nous humilie pas (ou bien de façon bien moins conséquente et surtout non systémique : tout au plus, elle nous déloge et met fin à nos actions), ne nous met pas à genoux en nous tenant en joue, ne nous traite pas comme des délinquant-e-s que l’on peut facilement traîner dans la boue. Nous nous devons donc d’être présent-e-s en nombre pour donner de la force et du soutien à ces jeunes qui s’organisent pour défendre leur avenir, notre avenir, mais qui subissent tellement plus la répression que nous. 

Parce que nos blocages, nos manifestations, nos mobilisations et nos luttes sont encore trop socialement fermées : rares sont celles et ceux à porter une écologie populaire et anti-raciste. Nous nous sommes trop intéréssé-e-s à ceux qui nous gouvernent, moins à celles et ceux contre qui ils sont en guerre. À celles et ceux qui, dans les quartiers populaires, en plus de subir de plein fouet la précarité, le racisme, l’islamophobie, la ségrégations socio-spatiale et la violence policière, seront bientôt en première ligne face au dérèglement climatique, qui ne fera qu’aggraver les dynamiques actuellement à l ‘oeuvre.

Parce que trop de personnes parmi nous croient encore qu’il y a quelque chose à attendre de l’État, feignant d’ignorer que leur transition écologique risque d’approfondir ses politiques racistes. Nous devons être présent-e-s collectivement le 8 décembre pour rappeler que se réapproprier nos milieux de vie implique de s’arracher de l’emprise étatique, et de s’organiser pour défaire sa police. 
Parce que, plus qu’une idéologie et d’infâmes discours, le racisme est surtout une manière d’habiter la Terre. Le racisme marque les corps et les esprits, mais aussi les espaces : il façonne les paysages environnementaux, sociaux et politiques, il trie, il sépare les personnes et les espaces où elles habitent, il place les non-racisé-e-s, les sans-couleurs, les Blanc-ch-es des classes moyennes dans les espaces résidentiels les plus agréables et les autres dans les espaces les plus pollués, incommodes et inhospitaliers. Nous serons présent-e-s le 8 décembre, parce que nous devons en finir avec leur « écologie de l’apartheid ».
Parce que nous préférons renouer des liens et montrer notre solidarité avec elles et eux pour préparer un monde enviable à bâtir ensemble, plutôt que de subir une fois de plus l’inaction et l’indifférence du gouvernement.

Alors, écoutons les mères de ces 151 lycéens : 
« Si collectivement, nous ne sommes pas capables d’obtenir justice pour les enfants des quartiers les plus défavorisés de France, alors que les « évènements de Mantes » ont dévoilé un flagrant délit policier aux yeux de la terre entière, si notre jeunesse est abandonnée, il ne sera plus permis à personne de rêver à un monde meilleur.
Tous à Barbès le 8 décembre prochain ! »

Désobéissance Ecolo Paris, Youth For Climate Paris et des membres d’Extiction Rébellion pour une écologie politique sociale et populaire

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