« NANTIS, REPRÉSENTANTS DE L'AUTORITÉ, QU'ATTENDEZ-VOUS ? »

Ce sont les mots de Diané, grand frère d’Ibrahima Bah, jeune homme de 22 ans assassiné par la police le 6 octobre 2019 à Villiers-le-Bel. 
Vendredi 20 décembre se tenait une conférence de presse à Sarcelles, organisée par l’association Paix et justice pour Ibrahima Bah, dans le but de communiquer sur les avancées de l’enquête ouverte pour homicide involontaire. Il a fallu attendre deux marches en hommage à Ibrahima, organisées à Villiers-le-Bel, pour obtenir l’ouverture de l’enquête. La famille s’est constituée partie civile, ce qui lui a permis d’avoir accès au dossier d’instruction et de relever plusieurs vices de procédure, ainsi que des informations douteuses.

« LE SYSTÈME ESSAYE D’ENTERRER LA VICTIME AVEC LES PREUVES »

Une des premières informations que transmet Diané, c’est l’appel des Forces de l’ordre sur le fixe du domicile de ses parents, annonçant qu’ils souhaitent leur remettre le corps de leur enfant. Précisons que les résultats de l’autopsie n’étaient pas encore arrivés et que la restitution du corps stoppe les possibilités de procédures de contre-autopsie. Procédures qui peuvent s’avérer cruciales comme dans l’affaire du meurtre d’Adama Traoré, assassiné par des membres de la gendarmerie à Beaumont sur Oise le 19 juillet 2016.

Par la suite, il explique que le fourgon de police, qui a coupé la route et causé la déviation de son frère, a continué à être en service pendant 2 jours. Il n’a pas été examiné dans les heures qui suivent, ce qui constitue un non respect de la procédure à suivre dans ce type d’enquête.
Cependant, quand cela a été fait, les dégâts sur le fourgon correspondaient aux blessures présentes sur le corps d’Ibrahima, tout comme aux dommages constatés sur sa moto.

« NANTIS, REPRÉSENTANTS DE L'AUTORITÉ, QU'ATTENDEZ-VOUS ? »

« PLUS C’EST GROS, PLUS ÇA PASSE »

Dernier élément, et pas des moindres, une caméra rotative était située de l’autre côté de la rue, aux premières loges du drame. En tant que partie civile, une des premières actions de la famille a été de demander le versement de ces images au dossier. Deux mois plus tard, ils n’y ont toujours pas accès. Pire, l’État leur dit que la caméra aurait seulement filmé le début et la fin du crime policier. Comment est-ce possible ? Comment ne pas penser que la rétention de ces images est motivée par l’incrimination directe du policier qui conduisait le fourgon ayant coupé la trajectoire d’Ibrahima ?

Pour Diané, ces éléments participent d’un climat social tendu. Des polémiques islamophobes jusqu’à la réforme des retraites, cette tension est entretenue pour attaquer constamment les populations de la « seconde France ». Populations que l’on peut violenter par la destruction des protections sociales, nécessaires pour faire face à la précarité, ou des humiliations et violences physiques quotidiennes, si ce n’est par un permis de tuer dans les pires situations. Une France qui continue à perpétuer une gestion néocoloniale des quartiers populaires et des racisé-e-s.

Le samedi 4 janvier sera organisée une journée en hommage à Ibrahima, à Sarcelles, avec la présence de nombreux artistes comme Maes, Key Largo, Dabs, Arsenik…et d’autres intervenants. Toutes les informations et les préventes sont disponible sur leur page Facebook. Tous les fonds seront reversés à l’association « Paix et Justice pour Ibrahima ».

« NANTIS, REPRÉSENTANTS DE L'AUTORITÉ, QU'ATTENDEZ-VOUS ? »
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