Nanterre en grève
« Nous bloquons pour nos conditions, par solidarité avec tous.tes les autres grévistes, et pour montrer que la rage est partout. (…) L’Université́ capitaliste est inégalitaire par définition, en voyant les réactions de l’administration force est de constater qu’elle ne s’en cache même plus. »
Aujourd’hui 7 janvier, l’ensemble des bâtiments de Sciences Sociales de Nanterre ont été bloqués, les examens de Droit et d’autres filières perturbés. Nous avons réussi à obtenir l’annulation de l’ensemble des examens devant se dérouler dans les bâtiments de Sciences Sociales et de certains autres. L’AG convoquée en mi-journée, réunissant des centaines d’étudiant.e.s, a voté la reconduction du blocage pour le reste de la semaine et a exigé le report des partiels.
Les étudiant.e.s mobilisé.e.s de Nanterre affirment leur soutien total à la grève qui est en cours. Cependant à l’heure de cette mobilisation exemplaire, Nanterre est l’une des seules universités d’Ile-de-France à essayer, vainement, de maintenir ses examens dans ces conditions. Nous jugeons cette décision inacceptable, c’est pourquoi nous bloquons, et c’est pourquoi l’administration, présidée par un certain Balaudé, plie. Nous bloquons pour nos conditions, par solidarité avec tous.tes les autres grévistes, et pour montrer que la rage est partout.
De nombreux.ses étudiant.e.s ne seront pas en mesure de venir sur le campus. Les solutions proposées par l’administration, à l’instar de cette fabuleuse proposition de camping dans un gymnase, sont méprisantes. Heureusement que nous arrivons encore à en rire, les mèmes foisonnent et les tags fleurissent. Il n’est pas possible d’accepter le fait que des étudiant.e.s habitant loin, souvent les plus précaires, se voient octroyer un 0 et renvoyé.e.s aux rattrapages. Nous voulons encore moins que des étudiant.e.s aient à payer des coûts supplémentaires en s’organisant individuellement pour venir passer leurs examens.
« Un étudiant est venu en Uber. 75 euros à payer. C’est ça que vous proposez @JFBalaude pour les partiels ? »
Nous savons déjà que l’Université est une institution bourgeoise servant principalement à reproduire la force de travail en fonction des intérêts du Capital, qu’elle renforce donc les discriminations de classes, de genres ou de races. L’Université capitaliste est inégalitaire par définition, en voyant les réactions de l’administration force est de constater qu’elle ne s’en cache même plus.
Par ailleurs, la semaine prochaine, la présidence de l’université veut acter une décision visant à supprimer la compensation entre les matières, les rattrapages et les semaines de révision. Tout comme le gouvernement devenant toujours plus explicitement « le comité d’administration des affaires bourgeoises », l’université persiste et signe en faveur de l’élitisme.
Nous sommes fatigués de ce monde, mais enragés par son mépris. Nous avons plusieurs fronts de lutte en même temps. Il nous parait important de se concentrer d’abord sur notre secteur, c’est-à-dire construire une mobilisation étudiante autonome importante, en cristallisant autour de la question des examens, pour pouvoir ensuite porter avec elle les revendications de l’ensemble du mouvement social. Nous devons refuser de composer ces partiels, nous devons nous battre pour leurs annulations, mais ça ne doit surtout pas être une fin en soi. Le temps potentiellement libéré par le report des partiels doit être engagé dans la bataille contre le gouvernement. À l’image des étudiant.e.s mobilisé.e.s dans le cadre des Interpro, la solidarité entre les différents secteurs d’activité doit continuer et se renforcer, avec des comités de base et de manière indépendante. Car, contrairement au camping proposé par Balaudé, « renverser l’ordre capitaliste ne sera pas un pique-nique ».
Les blocages vont donc se poursuivre au moins jusqu’à la fin de la semaine, nous allons faire en sorte d’être nombreux.ses dans la rue jeudi et samedi, car ce que la bureaucratie peut voter, la rue peut le défaire.
Des étudiant.e.s mobilisé.e.s