Tags islamophobes : les pompiers pyromanes du gouvernement

« Non à l’islamisation », « France Eternelle », « l’immigration tue », « EELV = traîtres »… Voici quelques-uns de la dizaine de tags islamophobes que les habitués du centre culturel islamique du quartier Villejan à Rennes ont découverts sur les vitres de leur bâtiment ce dimanche 11 avril. Cette énième attaque contre la communauté musulmane survient à deux jours du mois de Ramadan. On se souvient qu’il y a deux ans, déjà deux autres mosquées rennaises avaient été attaquées.

Mais Gérald Darmanin, on le sait, n’a honte de rien. Alors que les images de ces inscriptions haineuses ont commencé à circuler sur internet dimanche, le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à jouer la carte de l’indignation, et s’est même rendu sur les lieux dans la journée pour répéter à qui voulait bien lui tendre le micro que « tout acte contre les musulmans est un acte contre la République ». Sa ministre déléguée Marlène Schiappa a renchéri en dénonçant elle aussi des « actes ignobles », suivie par l’ensemble d’une classe politique et médiatique pourtant habituée des sorties islamophobes et confusionnistes. On citera par exemple le polémiste Raphaël Enthoven, la sénatrice LR Valérie Boyer ou encore le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand.

Un numéro de communication particulièrement cynique, quand on connait le rôle clé tenu par ces représentants de l’État dans l’aggravation du climat islamophobe en France ces derniers mois. Difficile de ne pas voir de lien en effet entre la récente polémique sur la mosquée de Strasbourg et l’inscription « EELV=traîtres » vue sur l’édifice rennais. Pour rappel, c’est bien Gérald Darmanin qui avait alors accusé publiquement la maire écologiste de Strasbourg de « financer l’ingérence étrangère » en accordant une subvention à une mosquée. On retrouve ici les accents complotistes habituels du gouvernement au sujet de supposés réseaux étrangers oeuvrant dans l’ombre des mosquées et autres lieux jugés « séparatistes ».

À noter aussi, le lieu attaqué figurait sur la carte mise en ligne par Damien Rieu, ex-chef de file des Identitaires et désormais candidat RN à Péronne, répertoriant « les mosquées et associations cultuelles qui refusent de signer la charte des principes pour l’islam de France du CFCM ou qui sont affiliées à une fédération qui refuse la charte ». Nouvel étendard du président Emmanuel Macron dans sa lutte contre le « séparatisme », ce texte doit en principe déboucher sur la création d’un Conseil national des imams chargé de « labelliser » les imams exerçant en France. 

À l’heure où le Sénat vote des lois visant directement les personnes musulmanes, où l’on dissout les associations de lutte contre l’islamophobie, où l’on stigmatise à longueur de plateaux TV et de flash infos, ces actes ouvertement menaçants contre les lieux de culte musulmans témoignent de la dangerosité du jeu du gouvernement et doivent nous rappeler l’urgence d’une riposte antiraciste politique et radicale. Ce même week-end en France, une mosquée a été ciblée par un incendie au nord de Nantes et un homme a été mis en examen au Mans après avoir menacé de s’en prendre à une mosquée, revendiquant des idées néo-nazies. Plusieurs armes ont été trouvées à son domicile.

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