Simon Assoun - Résistance en Palestine, criminalisation de la solidarité en France

AP Photo/Mahmoud Illean

  • Les autorités israéliennes sont bien débordées par la mobilisation de la résistance armée à Gaza et par le soulèvement des Palestiniens de l’intérieur. Fait nouveau depuis hier, des manifestations aux frontières jordaniennes et libanaises, qui sont parvenues à dépasser brièvement les frontières, donnent une dimension régionale au soulèvement palestinien. La fausse annonce par l’armée israélienne d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza hier soir, qui avait finalement pour but de faire entrer les combattants de la résistance dans les tunnels et les bombarder, témoigne de la volonté de l’état-major israélien d’engager toutes ses forces, signe de son inquiétude à maîtriser plusieurs fronts en même temps. L’armée israélienne a intensifié les bombardements et tir d’artilleries sur Gaza, faisant monter la violence à un niveau jamais atteint auparavant.
  • S’il a finalement été décidé de ne pas procéder à une invasion terrestre de Gaza, c’est en premier lieu car le front intérieur inquiète davantage les autorités israéliennes que Gaza. La mobilisation de l’armée en soutien à la police israélienne a été renforcée. Victoire politique et stratégique pour la résistance palestinienne : c’est l’unité des fractions du peuple palestinien qui permet d’agir sur le rapport de force.
  • Les rassemblements se multiplient également en Cisjordanie. La répression israélienne s’intensifie, l’armée tire à balles réelles sur les manifestants. À Gaza, à Jérusalem et en Cisjordanie, les forces israéliennes ont carte blanche. C’est toute la force de frappe de l’État d’Israël qui est mobilisée contre les Palestiniens, signe de la gravité de la situation aux yeux des autorités israéliennes.
  • Le peuple palestinien, fragmenté par la colonisation et l’occupation, s’unit dans et par son soulèvement, ouvre des fronts partout où c’est possible. Du nord au sud du pays, toutes les villes israéliennes sont en état d’alerte. Aucun israélien ne peut aujourd’hui affirmer que son gouvernement est en mesure de le protéger. C’est là une grande victoire pour la résistance palestinienne, qui défait un pilier de la propagande sioniste. Une brèche est ouverte dans le ciment de la société israélienne : la guerre que mène l’État d’Israël ne repose plus sur le seul peuple palestinien. Ce que cela signifie, c’est que la sécurité des israéliens est impossible sans la reconnaissance et l’application des droits des Palestiniens. C’est le mur porteur de la politique israélienne qui s’effondre.
  • En France, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, avec le soutien du président Macron, vient d’interdire les manifestations de solidarité prévues dans de nombreuses villes du pays samedi 15 mai. Il affirme vouloir prévenir d’éventuels actes antisémites. C’est l’aboutissement logique de 20 ans d’offensive réactionnaire sur le terrain de la lutte contre l’antisémitisme : une application autoritaire du mantra conservateur et pro-sioniste selon lequel l’antisémitisme est aujourd’hui le fait de la gauche, de l’antiracisme et de l’anti-impérialisme. Cazeneuve avait en 2014 pris plus précautions. Darmanin, ministre antisémite et islamophobe, signe un acte politique aux conséquences terribles pour la lutte contre l’antisémitisme et fait peser une grave menace sur la solidarité avec les palestiniens et, plus généralement, sur le mouvement social et les libertés démocratiques. Quoiqu’il se passe samedi, et malgré le fait que l’ensemble des organisations appelantes n’aient rien à voir, de près ou de loin, avec l’antisémitisme, le mouvement continuera d’être attaqué sur cette base par le gouvernement et ses soutiens, qui tente d’instrumentaliser les juifs de France pour criminaliser le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien.

Simon Assoun

Partager