Shireen Abu Akleh

Mort de Mohamed Al Dura 2002 2003, Pascal Convert

Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne est morte ce matin, tuée par une balle israélienne alors qu’elle s’apprêtait à documenter un raid de l’armée dans le quartier palestinien d’Al-Jabriyat à Jenine, en Cisjordanie occupée.

Ce matin quatre journalistes équipés de casques et de vestes permettant de les identifier comme tels faisaient face à des soldats armés. Sans qu’aucun témoin n’ait remarqué de menace envers les soldats, un premier journaliste a pris une balle dans le dos, puis ils ont visé Shireen Abu Akleh à la tête et l’ont tuée.

Shireen Abu Akleh s’est consacrée de longues années à documenter la violence de l’occupant. Son visage était connu en Palestine, dans le monde arabe et en Europe. Son travail de journaliste a permis de combattre l’idée, propagée par les sionistes et leurs alliés, qu’israéliens et palestiniens se battent à armes égales, ou pour les moins naïfs, qu’Israël use d’une violence disproportionnée mais de toute façon légitime.

Au fil des ans, Shireen Abu Akleh a montré que le peuple palestinien est l’objet d’un apartheid. Que c’est son existence même en tant que peuple qui est menacée.

Car l’enjeu est là. Derrière ce nouvel assassinat, et cette habitude à abattre les gens comme ça, de loin, en faisant toujours moins de distinction, c’est l’Histoire racontée par l’occupant qui avance. Celle qui répète inlassablement : ils ont tiré les premiers… ils se sont tirés dessus… nous n’étions pas là…. nous n’avons fait que nous défendre…

N’oublions pas.

Le 12 octobre 2000, cette même armée d’occupation avait visé et détruit les
locaux de la radio historique The Voice of Palestine à Ramallah où travaillait Shireen Abu Akleh. Aucun témoin n’avait remarqué de menace envers l’armée venant du bâtiment.

Le 30 septembre 2000, cette même armée a tué de trois balles le jeune Mohamed Al Durah, 12 ans, et blessé son père qui tentait de le protéger. Aucun témoin n’avait fait référence à une position menaçante de leur part envers l’armée.

À l’époque comme aujourd’hui, cela n’avait pas empêché l’Etat israélien et ses relais européens de contester sa responsabilité, de salir la mémoire des victimes, de jouer de toutes les confusions possibles pour, finalement, masquer la réalité du rapport de force global dans la tempête de l’évènement.

Si on remonte plus loin dans la tragédie, qu’ont-ils dit après Sabra et Chatila ? Qu’ils n’étaient pas là. Rappelons nous Begin à la Knesset, balayant le sujet en arguant que des chrétiens et des musulmans s’étaient entretués, et que c’était tout. Aujourd’hui, personne ne peut nier que les phalangistes ont eu la main libre parce que Tsahal l’avait décidé. Personne ne peut nier que les camps ont été rasé, et avec eux des preuves précieuses, parce que Tsahal l’avait décidé. Et pourtant, les bourreaux courent toujours.

N’oublions pas que lorsque l’Etat d’Israël fait couler le sang, il ne s’arrête jamais là. Il ne fait pas que salir la mémoire, il la trouble, il l’efface. Et de toute façon, un prochain crime chassera le précédent. Rajouter de l’horreur à l’horreur, pour confondre entre elles toutes les violences commises, contre les civils ou la Résistance armée, que l’on sait bien inférieure militairement, et ainsi, se dresser contre un seul ennemi, le peuple palestinien, pour le meurtrir de tous ses côtés à mesure qu’on lui vole ce qui lui reste de terre.

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