Profanation d'un cimetière et révision de l'histoire à Jérusalem

Depuis deux semaines, la destruction du cimetière palestinien Al-Yusufiyah est en cours. Situé à l’Est de Jérusalem, séparé de la vieille ville par la porte Al-Asbat, le cimetière est l’enjeu d’une conquête pour La Direction de la nature et des parcs d’Israël et les groupes de colons venus prêter main forte. À coups de bulldozer, les autorités israéliennes vident le cimetière qui doit devenir l’une des étapes d’un parc à thème touristique et religieux intitulé « Les sentiers de la bible ». Tombes profanées, arbres arrachés, escalier Babal-Asbat, vestige de la vieille ville, démoli.

Rien n’arrête la vaste entreprise de réécriture de l’Histoire par les Israéliens.

Celle-ci ne cible pas que les Palestiniens, ni l’Histoire vieille de plusieurs siècles, puisque le cimetière accueille également le mémorial et les tombes des martyrs Jordaniens, et Irakiens, qui défendirent la ville de Jérusalem durant la guerre de 1967. Des tombes jordaniennes ont déjà été démolies en 2014.

Cela fait trois ans que les autorités israéliennes ont fermé la principale voie d’accès au cimetière sous prétexte de mener des fouilles. À terme il ne devrait plus rien en rester.

En réaction, des confrontations entre Palestiniens et la police d’occupation ont eu lieu. Canons à eau, matraques, grenades lacrymogènes et assourdissantes ont permis de disperser les manifestants, qui sont malgré tout revenus prier et manifester à plusieurs reprises. Un conteneur de la Direction de la nature et des parcs a été incendié.

Le cimetière d’Ay-Yusufiyah n’est pas un cas isolé. Que l’on repense au sort qui fut réservé récemment aux tombes, parfois vieilles du 12ème siècle, du cimetière Ma’minullah, à l’Ouest de Jérusalem occupée, sur lequel le Musée de la Tolérance, israélien, est en train d’être achevé.

Cette récente agression intervient sur fond d’occupations répétées de l’esplanade des Mosquées par les colons et de l’annonce de l’extension de la colonie de Migdalim, un millier de nouveaux logements, en Cisjordanie occupée. Même l’administration Biden a condamné cette nouvelle, ce qui bien sûr ne sera suivi d’aucun effet.

L’entreprise archéologique israélienne, unilatérale, n’est bien entendu qu’un prétexte afin de continuer la colonisation de Jérusalem, morceaux par morceaux, et de réécrire l’Histoire de la terre sainte en la vidant de la présence palestinienne et musulmane. Des organismes tels que la Direction de la nature et des parcs, tout comme l’Autorité des antiquités d’Israël, sont autant d’agents du révisionnisme israélien.

La destruction des cimetières fait partie d’un processus qui tend à absenter définitivement la présence palestinienne de son sol. Elle participe avec la colonisation, les outrages envers les lieux de cultes, les guerres ou l’enfermement que risque de subir un Palestinien sur deux au long de sa vie, du quadrillage total de la population palestinienne et de la destruction de son passé, de sa présence.

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