Dans cette contribution, l’un de nos lecteurs réguliers revient sur le développement du téléchargement illégal jusqu’à sa pénalisation et sa diminution tendancielle, permettant l’avènement de la consommation de contenus cinématographiques et télévisuels incarnée par Netflix. N°1 des plateformes de streaming légal, ce « géant du numérique » a su imposer son hégémonie : production de contenus originaux, puissant algorithme de sélection et de répartition par mots-clés, profilage.
Pour autant le tableau dressé est acerbe : un panel de contenus édulcorés participant à « l’uniformisation » et la « colonisation » culturelles qui agissent sur le « consommateur Netflix » au fil des films et des séries ; une stratégie marketing dévorante, s’employant à masquer les rapports de domination qui traversent la société ; une mobilisation énergivore du « temps de cerveau disponible » et un fonctionnement ultra-polluant, entre data-centers et exploitation minière.
Lorsque j’étais plus jeune qu’aujourd’hui, et de fait bien peu fortuné, je m’adonnais sportivement au téléchargement illégal. Cette friandise, à laquelle l’ordinateur familial me permettait de croquer, me faisait l’effet d’une prise de pouvoir sur ce morne quotidien, une offrande à la dégustation illimitée de spectacles d’images et de sons, autant de témoignages d’univers imaginaires dont j’étais envieux. En ce temps-là, il n’était pas si difficile de s’improviser pirate en se procurant des séries entières en quelques clics et sans frais. La fibre était tout juste annoncée dans les métropoles françaises, on se contentait donc encore de la « standard definition » qu’autorisait notre Freebox capricieuse, 700 mégaoctets réglementaires pour un film, ce qui ne nous faisait pas patienter plus de dix minutes avant de s’y plonger corps et âme, le temps de se beurrer des biscottes.
Au collège, entre copains, on s’échangeait les forums de téléchargement qui répertoriaient sur leurs interfaces fouillées des milliers de films et séries, eux-mêmes hébergés sur les serveurs du célèbre MegaUpload, dont la fréquentation quotidienne grimpait parfois aux alentours de 50 millions de visiteurs, du fait que son usage initial d’échange de vidéos de vacances était largement et sciemment usurpé par la mise en ligne massive et gratuite de contenus culturels protégés, ce qui avait entraîné sa chute fracassante. Pour sûr, le souvenir de l’arrestation hollywoodienne de son sulfureux entrepreneur Kim Dotcom, retranché dans sa villa néo-zélandaise, n’eut rien à envier aux meilleures scènes des tonneaux de films d’action anonymement déposés sur les serveurs de l’entreprise pour le plaisir gratuit de tous1. J’avais, en ce temps, très peu porté mon regard sur la logique purement mercantile de ce sombre bourgeois du numérique, l’optimisation de sa fiscalité, le business qu’il faisait de son service, pas plus qu’au coût environnemental des infrastructures nécessaires au développement de son réseau. Je reconnaissais simplement que j’avais, pour une fois, autant le droit qu’à d’autres plus fortunés de consommer séries, films, albums, et mêmes BD quand j’étais peu regardant à l’idée d’en lire sur un écran.
J’étais foncièrement de la maison de ceux qui téléchargent, qui stockent, qui empilent, qui trient, qui gardent, qui re-regardent, qui parfois échangent par clés USB interposées. Le streaming ne m’avait jamais vraiment attiré. Me semble-t-il qu’il y avait de ma part une logique de collection, de vidéothèque, de possession des œuvres sur mon disque dur prolifique et catégorisé en dossiers et sous-dossiers, qui me tenait à l’écart du jetable indolore du streaming. Il y avait surtout la mauvaise impression que m’inspiraient ces sites obscurs qui mettaient en place tout un tas de blocages et publicités envahissantes pour inciter à souscrire aux formules payantes, et où les films proposés étaient souvent en version française et encodés de la pire des façons, de quoi brûler sa rétine en moins de temps qu’il n’en faut pour mettre en plein écran.
Une vieille utopie d’Internet
Après avoir consumé mon deuil, bien réel, de MegaUpload, le retour au téléchargement « de pair à pair » (P2P) s’imposait. La différence majeure de ce « protocole » était technique, mais simple à comprendre, et bougrement novatrice malgré son âge ; l’infrastructure nécessaire pour télécharger la saison 5 de « Dr. House » ne nécessitait quasiment aucun serveur, puisque chaque usager ayant téléchargé un même épisode l’hébergeait ensuite, de facto, sur son propre ordinateur personnel2. Un logiciel s’occupait alors de le rendre disponible, en réseau, à quiconque voudrait le télécharger à son tour. Chacun de nos petits PC de début du siècle se transformait alors en petit serveur, dans une sorte de symbiose dématérialisée du partage entre pairs, de dons incessants, à la manière d’un grand marché gratuit où l’on s’échangerait, dans l’angle mort de la légalité, des centaines de DVD sous le manteau. J’avais certes de mauvais souvenirs des ancêtres de ce procédé, comme le logiciel préhistorique « eMule » qui traînait sa sale réputation de catalogue sans vérification, où l’on était contraint de slalomer entre les dénominations trompeuses pour ne pas tomber sur un porno ou un virus à la place du film espéré, tant les petits malins goûtaient leur plaisir de piéger les enfants innocents comme moi en mettant à disposition des « Lilo et Stitch » bien trop dénudés pour venir des studios Disney. Mais de l’eau avait coulé sous les ponts, une relève plus précautionneuse avait ringardisé l’ancêtre.
Malheureusement, en 2017, alors qu’elle référence plus de 730.000 fichiers, la mine d’or culturelle francophone dénommée « T411 » est brusquement fermée par les autorités, et ses administrateurs lourdement poursuivis. Une perte immense ayant même eu son petit écho dans la presse généraliste, c’est dire3. De fait, une communauté avait travaillé, onze ans durant, bénévolement, à proposer gratuitement une somme colossale de contenus, en coopérant avec une importante équipe de modération préposée à la vérification et la validation de chaque fichier. Ici, chacun pouvait ramener de sa culture, de ses perles rares, de ses introuvables, de ses invendus. Sur Youtube il n’y a pas tout, sur T411 rien n’était moins sûr. Un véritable incontournable d’Internet, pas exempt de défauts, mais qui rendait hommage à ses valeurs de partage de la connaissance et de gratuité. Osons-le, d’écologie aussi, en prouvant qu’il est possible de construire un Web riche avec une infrastructure énergétiquement pauvre.
La pénalisation du téléchargement illégal
Le dépit profond qu’ont instigué en moi l’action répressive de ces grosses industries culturelles et les dispositions légales de marchandisation de la culture qui les confortent, auxquels se sont ajoutés de pitoyables dispositifs extrêmement coûteux et peu efficaces de pénalisation des téléchargeurs (Hadopi), m’ont fait m’éloigner du chemin orphelin du téléchargement illégal, de surcroît chaque jour un peu plus entravé par d’innombrables blocages de la part des fournisseurs d’accès à Internet ou des moteurs de recherche principaux, et m’ont fait vivre un temps sur mes réserves de films accumulés sur mon disque dur.
Et entre-temps, un nouvel acteur de l’économie numérique avait posé ses grosses valises en France, bien décidé à surfer sur la pénalisation du téléchargement illégal, la chute du nombre d’abonnés de CanalSat aggravée par le détricotage de Canal+ par Bolloré4, la baisse tendancielle des adeptes des chaînes payantes5, la maturité du réseau fibré et 4G, la popularisation des box connectées type Android TV, et surtout sur l’absence réelle de concurrence dans un pays peu préparé au chamboulement de la SVOD, la vidéo à la demande par abonnement (Subscription Video On Demand). Dans ce contexte, l’annonce tonitruante de l’arrivée en France de Netflix m’avait titillé, et rapidement convaincu d’emprunter les identifiants de connexion de ma cousine, prêt à goûter de l’engouement de Netflix et son monde.
L’expérience Netflix
Pour qui ne connaîtrait pas encore la force de cette multinationale, c’est d’avoir survécu à la faillite des vidéoclubs au début des années 2000 en se recyclant dans le streaming légal, payant, par abonnement, dont la relative accessibilité des offres et la profusion des propositions cinématographiques l’a rapidement rendu hégémonique6. Aujourd’hui, il est en effet de mise, autour de soi, qu’on s’enjoigne à goûter l’intrigue de la dernière « série Netflix ». Pour qui aurait encore besoin de s’en convaincre, il est aisé d’observer ce phénomène sur tout espace de socialisation en ligne, de Facebook à Tinder, où l’on se targue régulièrement d’être grand amateur de « séries Netflix », appellation qui dilue rapidement le catalogue dans une sorte « d’expérience Netflix », un univers culturel en vase clos dont la qualité n’est plus à prouver, et où l’on est sûr de trouver son compte.
Son interface numérique épurée et rapide, qui plaît tant, masque pourtant l’affaire de toute multinationale du numérique : une titanesque infrastructure hautement polluante, une homogénéisation et une sanctuarisation de la Culture avec un grand C fédérateur, au choix. Derrière l’écran et les liasses dématérialisées de billets engendrées, l’exploitation multiforme de l’humain et des ressources naturelles par cet acteur du numérique est importante et encore relativement méconnue, tout comme son modèle économique pas si évident à percevoir. Loin de moi l’intention ici d’accabler Netflix plus qu’un de ses concurrents, mais en tant que doyen mondial de la SVOD, il retient l’attention plus qu’un autre dans l’exercice d’étudier et de dépeindre les nouvelles façons de s’enrichir de la consommation de produits culturels, en arborant une façade cool, dans l’air du temps, immatérielle, immaculée et branchée, qui invisibilise les rapports de domination.
L’avènement de la dématérialisation
Chaque jour un peu plus, acheter un Blu-ray au Centre culturel Leclerc qui orne l’entrée de l’énorme zone commerciale périphérique s’apparente à une effroyable perte de temps un samedi de flânage consumériste. D’une façon générale, l’achat à l’unité de supports digitaux physiques pâtit largement de la numérisation de la production culturelle, de la profusion des objets individuels connectés pouvant la diffuser (smartphones, TV connectés, box Internet, tablettes, tapis de course, appuie-tête du siège avant de l’avion), et de l’émergence de plateformes par abonnement qui concentrent tous les monopoles de diffusion, négociés à leur avantage avec les ayants droit (citons les célèbres Deezer, Spotify, Netflix, Amazon Prime Video, voire le tout récent Youtube Premium à la progression frénétique).
Acheter à l’unité ne semble guère plus séduire grand monde. Ce mode de consommation culturel tend plutôt à se spécialiser à destination de publics particuliers, en recherche de qualité, de rareté, d’esthétique. La transformation s’observe depuis longtemps dans l’industrie musicale. Les fans collectionnent, traquent les éditions limitées, les extended play (EP) et les single. La scène alternative ranime le vinyle, qu’on adopte pour son encodage particulier, son grain évocateur, la beauté de sa pochette, ou le goût des vieilles choses qu’on associe aux florissantes années 60-70-80. Mais cela ne suffit pas à contenir la chute libre des ventes de produits physiques. Les Virgin Megastore français font faillite7, les disquaires n’en parlons pas. Dans la production cinématographique, le même phénomène s’observe. Les Blu-ray ne convainquent guère, Samsung annonçant même que c’en est fini de produire leurs lecteurs, préférant se focaliser sur le dématérialisé8. Seuls quelques puristes ou amateurs de home cinéma se permettent encore d’investir dans les supports physiques, mais eux non plus ne pourront pas stopper l’hémorragie des usagers vers la SVOD.
Netflix convainc massivement grâce au modèle de l’abonnement qui, dans un monde où la tendance est à la précarisation générale, donne le sentiment d’un meilleur contrôle de ses dépenses et d’un pouvoir d’accès à la Culture jamais atteint jusqu’alors. Et peu importe s’il en coûte de sacrifier la possession intemporelle des œuvres physiques, et d’ainsi n’être jamais réellement propriétaire de ce qu’on consomme.
La télévision du futur
Mais pour parer à une concurrence qui montre tardivement les dents, Netflix a la parade, et a depuis longtemps beaucoup misé là-dessus ; le service de SVOD ne fait pas simplement de la diffusion comme OCS Go ou Amazon Prime Video par exemple, mais aussi de la production. La dénomination des contenus Netflix Originaux, flanqués de la célèbre animation et du « toudoum » générique, est une arme dont Netflix s’emploie même à flouer les contours pour gonfler son addition. Si une bonne partie des séries est effectivement Originale, l’exclusivité d’autres a simplement été grassement achetée par la plateforme pour pouvoir planter son drapeau sur des succès ayant déjà fait leurs preuves sur d’autres chaînes auparavant (« Friends »). Et Netflix ressort régulièrement le chéquier pour garder ses coquetteries dans son giron, car aucun droit d’exclusivité n’est jamais vraiment cédé à vie, et que la résistance s’organise pour certaines autres productions souhaitant récupérer leurs œuvres pour le lancement de leur propre plateforme de SVOD9.
La firme a tout de même largement de quoi voir venir. Rien qu’en 2018, 700 contenus originaux ont été mis en ligne10. En devenant un producteur productif en productions, Netflix ne tente pas seulement de noyer les espérances de la concurrence d’arriver à sa cheville, mais aussi de confirmer sa notoriété de marque hégémonique, d’attirer dans sa zone d’influence l’ensemble des acteurs de l’économie du cinéma jusqu’alors capté par les productions classiques, de télévision ou de cinéma. Le PDG de la firme ne cache jamais son ambition qu’advienne de sa plateforme la télévision du futur, rien que ça. Acteurs, scénaristes, réalisateurs sont donc invités à venir partager leur travail, et surtout leur notoriété, au profit de la croissance de Netflix, qui leur promet un cadre de production bien plus libéral et permissif, et une réactivité de haute volée dans les échanges nécessaires à l’élaboration des œuvres, comparé aux productions traditionnelles des chaînes de télévision11.
Mais en réalité, Netflix n’est pas vraiment là pour révéler de nouveaux talents, tout comme il ne faut pas croire que la recette de production adoptée amène à une baisse de qualité ou à l’inondation incontrôlée de son catalogue de n’importe quelle production finie. Au contraire, il est impératif de correspondre aux goûts, aux tendances actuelles, aux différents publics. Pour cela, mettre en scène des acteurs largement reconnus permet d’assurer une partie du succès et de la rentabilité des œuvres. Mais l’important réside dans le passage obligé à la moulinette algorithmique, qui analyse et décortique les attentes du public et assure aux investisseurs que les contenus dégueulés par la firme seront conformes aux attentes de tous types de consommateur.
Algorithme et soft power
Ce dernier peut ainsi être aiguillé constamment vers du contenu en adéquation avec son humeur, le temps alloué qu’il peut consacrer dans le métro, les genres et thèmes qu’il souhaite savourer, les acteurs qu’il apprécie, les trames scénaristiques qui l’émeuvent, les dénouements et les rebondissements qu’il souhaite. Netflix tire parti de sa situation addictive, notamment en misant tout sur la série. Le retour sur investissement est assuré, car la clientèle est ici comme chez elle. Pour constituer une puissance algorithmique sans faille, la firme embauche des gens dont le travail est de mater frénétiquement les contenus pour les décortiquer et les classifier le plus finement possible par des mots-clés. Tout est écumé, tout est quantifié, du style de décor, du rôle social des personnages, à l’attitude du héros, au degré de violence psychologique… Pas moins de 100.000 mots-clés segmentent le catalogue. La plupart ne sont pas accessibles d’un clic, mais permettent surtout de constituer, dès l’inscription, le profilage de l’utilisateur, qui n’aura ensuite de cesse de se préciser à mesure que l’activité du compte s’étoffe. On parle de communautés de goûts, au nombre de 2000, qui rationalisent les mots-clés en profils types auxquels proposer tel ou tel contenu12.
On doit donc trouver de tout sur Netflix, de quoi toucher les problématiques, les tensions, les sentiments et les crises existentielles de n’importe qui à travers le monde. Mais paradoxalement, de quoi fondamentalement uniformiser les cultures en teintant le tout des valeurs libérales et marchandes des démocraties occidentales mondialisées d’où sont issues l’écrasante majorité des productions de la plateforme. Netflix est un outil prégnant du soft power états-unien. Et un objet culturel, comme la série, est toujours influencé par qui le réalise et dans quelle réalité sociale. En incarnant un rôle, en écrivant un dialogue, en choisissant un décor, chaque acteur de l’industrie cinématographique dissémine dans sa création une forte part de ses codes sociaux, ses mœurs, sa culture identitaire, sa classe sociale. Il aborde telle problématique, sous tel angle, avec tels dialogues, à partir de sa réalité propre, de ce qu’il croit connaître, de ce qu’il croit penser, d’où il se situe dans la hiérarchie sociale. Hétéronormativité, exotisation des rapports de domination, racisme positif ou même culture du viol sont ainsi omniprésents dans les mises en scène proposées, que ce soit un choix scénaristique ou la reproduction des us et coutumes de leurs auteurs.
Et l’algorithme intervient aussi pour masquer au mieux cette réalité de l’uniformisation culturelle, en tentant de démontrer sa capacité à trouver de quoi nourrir n’importe qui. Alors que s’opère une réelle déculturation, tout au moins une colonisation culturelle, amenant à la transmission de valeurs communes, portant des discours libéraux, ayant des usages sociaux définis, donnant des leçons morales.
Telle série dépeint une réalité dystopique où la frontière entre réalité et virtualité s’amincit (« Black Mirror »), jouant sur nous l’effet d’une stupeur cathartique. Telle série s’immerge dans les soubresauts de la politique états-unienne (« House of Cards »), donnant la sensation d’en être éclairé tout en nous laissant désarmé et impuissant face à cet état de fait. Telle série aborde des problématiques sociétales polémiques comme le suicide (« 13 Reasons Why »), permettant de médiatiser temporairement et de façon inoffensive des revendications progressistes au répertoire stratégique relativement inoffensif et conformiste (recourt aux pétitions, lobbyisme auprès des représentants politiques, individualisation et psychologisation des problématiques sociales).
Colonisation culturelle
La culture n’est pas neutre, et les spectacles et comédies dont nous sommes abreuvés éclipsent tant d’autres réalités et cultures qui n’ont pas voix au chapitre dans cette mondialisation culturelle. Netflix contribue à la diffusion d’un ordre moral en adéquation avec le capitalisme, en croisant les peurs paniques qu’il inspire et le réconfort illusoire qu’il procure. Les velléités de certaines séries portant des discours taxables d’anticapitalistes, puisqu’elles axent leur histoire sur un braquage de banque parfait (« La casa de papel ») ou les démêlés d’un hacker anarchiste (« Mr. Robot »), ne doivent pas faire oublier la capacité ultralibérale de faire de revendications ou d’actes révolutionnaires des objets culturels. Soudain, transformer un discours militant en œuvre d’art permet de le désaxer de la réalité, de le sanctuariser, de l’éloigner de la lutte. C’était un cri du cœur, mais le voici encadré et accroché au mur. Double effet Kiss Cool, les démocraties occidentales peuvent se défendre d’avoir la culture la plus ouverte et plurielle puisqu’endossable du seau sacré de la toute libérale liberté d’expression. N’est-il pas vrai que les capitalistes nous vendront la corde pour les pendre ?
Culte du mérite, self-made-men, représentation romantisée des sexualités et de l’amour, green-washing, torpeurs de petits bourgeois urbains, reproduction des normes esthétiques, impérialisme culturel, satire de la religion, exotisation des non-blancs, psychologisation des rapports de domination. On comprend que Netflix ne choisisse pas plutôt une forme similaire de liste de tags. Avec 15 % du trafic vidéo mondial, la plateforme pèse lourd dans l’impensé et la construction sociale des individus. Les rapports sociaux mis en scène dans l’écrasante majorité de ses séries renvoient à la société occidentale, patriarcale et impérialiste, aseptisée et individualisante, qui psychologise le moindre mal pour ne pas lui opposer d’analyse matérialiste, qui ne s’offre le goût du drame ou de la confrontation que pour s’encanailler, pour les classes bourgeoises, oublier sa condition ou rêver d’une autre, pour les classes populaires. L’algorithme existe pour adapter la forme, pour correspondre à ce qui peut être consulté sur smartphone, dans le métro, en moins de trente minutes, une minisérie, une comédie, avec tel acteur apprécié, en français. Quant au fond du propos, ce qu’on pourrait appeler la charge symbolique du contenu, il reste, la plupart du temps, inchangé. Il colonise notre imaginaire culturel. L’algorithme est une fonction de la création de nouveaux besoins factices, de nouvelles modes et tendances. Il existe pour anticiper nos goûts de consommation. Il n’a que faire de nous forger un esprit critique, de révéler, de confronter. Il ne fait qu’orchestrer, il nous enferme dans du factice. Et Netflix est la double victoire du faux, l’alliance du cinéma et de la puissance algorithmique nous englue dans un puissant faux, dans un rapport au monde préconçu et moral.
Binge-watching
Qui dit phénomène nouveau dit émergence de nouvelles façons de consommer. En misant beaucoup sur la série, son format infini, son scénario réformable, son intrigue permanente, Netflix incite à y revenir et ne jamais lâcher l’affaire. Puisqu’il fallait nommer ce comportement de consommation, nous voici donc en présence du « binge-watching ». Le temps de cerveau alloué est un réel terrain de conquête assumé pour Netflix, qui ne se cache pas de vouloir rivaliser avec le temps de sommeil, ce qui trahit le pouvoir immense que la plateforme souhaite prendre sur notre vie13. Certes, Netflix a toujours refusé de se lancer dans le commerce de données personnelles, au grand dam des entreprises de ciblage publicitaire. Ce n’est pas par humanisme, mais bien car il est préférable de garder ses trésors pour soi. Le service de SVOD connaît le potentiel des données de ses clients ; combien de temps consacré, quels contenus, à quelle heure, à quel rythme, sur quel support numérique, via quelle adresse IP. Avec peu d’informations, on peut en déduire beaucoup de nous ; personnalités et goûts, horaires de travail, composition familiale, humeurs. Comme dit précédemment, ces informations permettent, en circuit fermé, d’améliorer l’algorithme utilisateur, d’analyser les succès et échecs, d’interpréter la demande pour en adapter la production. Pendant la réalisation d’une série, les besoins de l’audience révélés par l’algorithme peuvent parfois peser plus dans la balance que les souhaits artistiques14.
Et qui sait entre quelles mains perverties pourraient tomber ces sacs de données si un jour Netflix est racheté par l’un des GAFAM, ou simplement si l’entreprise, soudainement en proie à des difficultés, décide d’exploiter le juteux marché de la revente d’information à des tiers. Ce qui est sûr, c’est que dès lors qu’on s’inscrit, nos données ne nous appartiennent plus. Mais l’on commence à avoir l’habitude sur Internet. La croissance imposant d’aller toujours plus loin, la firme songe depuis longtemps à rapprocher le spectateur de l’intrigue, à l’immerger plus encore dans l’écran. Pas question pour le moment d’implémenter un réseau social offrant aux usagers le loisir de réagir publiquement aux contenus, la recherche de plus d’interactivité ne se fait pas du côté du collectif, mais du côté du renouvellement de l’expérience individuelle ; flouer la frontière entre film et jeu vidéo, entre spectateur et acteur. La promesse de l’épisode « Bandersnatch » de la série dystopique « Black Mirror » n’est pas seulement de mettre en scène une épatante mise en abyme. Ce premier épisode interactif était l’occasion de préparer le spectateur aux dizaines d’autres déjà produits, et de comprendre comment il se comporte face à ce format déroutant où on lui demande d’intervenir sur l’intrigue en lui laissant un éventail de choix permettant d’influer sur la trame scénaristique. La plateforme a d’ailleurs confirmé depuis que tous les choix opérés par les spectateurs étaient enregistrés, et l’on s’imagine que l’intérêt est bien d’enregistrer plus finement encore les attentes des usagers15.
L’augmentation du temps alloué à mater du contenu sur Netflix trahit aussi les contours d’une réalité sociale morose. Du temps consacré au divertissement audiovisuel, on le sait, est économisé sur des loisirs manuels, des activités collectives, sportives, politiques, du soin pour soi, sa famille, ses amis. L’occupation du peu de temps restant aux populations déjà cernées par de longues heures de travail et de transport est aussi nécessaire au repos de la force de travail humaine. L’attraction d’aller se perdre sur la plateforme prolifique peut aussi refléter la peine latente que nous traversons dans notre quotidien, soucis amoureux, soucis au travail, soucis dans la famille, tant de soucis dont Netflix promet de nous tenir à l’écart, exutoire passif, accessible instantanément, depuis n’importe quelle pièce, n’importe quel appareil, dévoué à s’y morfondre, rien qu’un instant. Netflix participe d’une caution vitale pour les sociétés capitalistes, celle de créer des espaces hors-sol d’entre-soi, de relâche, illustrant la fameuse nécessité d’adoucir les mœurs. La fiction construit certes du savoir et de l’imaginaire, mais elle nourrit aussi des angoisses et des peurs face auxquelles on se retrouve désarmé, des idéalisations et des rêves qu’on ne peut qu’envier. La progression de la fiction comme besoin de fuite trahit la violence de son objectif coercitif et la dureté de la situation sociale généralisée. La dilution ou l’extorsion de nos réalités dans des milliers d’images fictionnelles ne peut qu’entraver la quête d’émancipation collective, et la Culture institutionnelle des démocraties occidentales le sait très bien. En cela, Netflix n’est qu’un énième agent particulièrement efficace de cette pacification par la Culture.
Gouffre énergétique
Autre chose ne se dit pas assez. Netflix est l’une des entreprises les plus polluantes et destructrices de l’environnement au monde. Et ce triste titre n’est rendu possible que par le cumul de plusieurs contraintes techniques nécessaires à la diffusion de Netflix. Parce qu’il faut bien prendre la diffusion des informations dans leur ensemble. À partir du data-center, l’information transite dans une multitude de câbles optiques ou cuivrés, elle est constamment aiguillée par des routeurs, jusqu’à des bornes relais, qui dirigent le lot sur votre smartphone. Ce chemin instantané et constant nécessite une production énergétique démesurée que ne demandent pas d’autres usages d’Internet comme la lecture, le visionnage de photos ou l’écoute de musique. La vidéo à la demande pèse extrêmement lourd, puisqu’elle engendre 60 % du trafic Internet mondial, et Netflix en prend la tête en s’en réservant 15 %. Sur une année, on parle en milliards de milliards de mégaoctets. Inimaginable et impalpable16.
Pour goûter à l’instantanéité du streaming, il faut donc compter sur ces grandes fermes de serveur qu’on appelle data-center, et qui tournent à plein régime qu’on soit en heure pleine ou en heure creuse. Les processeurs nécessaires au fonctionnement des serveurs chauffant comme des résistances, la colossale chaleur émise doit être climatisée en permanence hors de la ferme, dans la nature, contribuant durablement au réchauffement du climat alentour. Mais soyons rassurés des récentes promesses d’installation de data-centers au fond des océans ou dans les régions polaires, riche idée que l’on doit aux géants du Web, jamais en panne d’inspiration pour s’accaparer avantageusement les ressources terrestres17.
Tout comme les ampoules grillent, les serveurs tombent en rade. Le coût environnemental du renouvellement du parc informatique est à la hauteur des moyens alloués au recyclage des métaux dont il se compose : 5 % des composants sont réutilisés ou reconditionnés. Le reste peut tranquillement venir intoxiquer les nappes phréatiques en dormant dans d’immenses décharges sauvages en Chine, en Inde ou au Ghana, où des populations extrêmement précaires viennent risquer leur santé à récupérer artisanalement un peu d’or en faisant fondre le tout. Ces data-centers, qui hébergent le lourd catalogue de Netflix, requièrent une production électrique équivalente à 10 % de la production d’une centrale thermique, soit 100 millions de watts18.
Et Netflix, pas moins capitaliste qu’une autre entreprise, cherchant donc la croissance, se doit de faire croître les installations permettant d’accueillir sans cesse plus de contenus, attrapant plus de clients, attirant plus d’investisseurs. Il faut donc construire de nouveaux data-centers (avec l’argent des investisseurs, que c’est harmonieux !), ou au moins les agrandir. Il faut aussi construire de nouvelles infrastructures de transport des données. Câbles de fibre optique transatlantique, routeurs, antennes relais… Sans parler de l’innovation-phare de la décennie à venir, la 5G, comme promesse mortifère d’accroissement de la productivité, et de l’accès plus instantané qu’instantané aux loisirs numériques. Elle devrait être l’une des principales causes de l’augmentation du trafic Internet, sans oublier que pour l’accueillir sereinement, une majeure partie des équipements du réseau et de nos smartphones devra être remplacée pour se doter de nouvelles puces 5G, comme la 4G l’avait imposé il y a à peine sept ans en France, offrant là encore, comme s’ils en avaient besoin, une opportunité supplémentaire aux constructeurs de téléphones, tablettes et ordinateurs portables de renouveler leur flotte. La philosophie même de Netflix d’accès immédiat et instantané à de lourds fichiers, ne peut qu’être confortée par cette transition technologique inarrêtable, que l’entreprise a elle-même lourdement influencée en créant de nouveaux besoins, comme ceux des nouvelles ultra-hautes définitions délirantes (UHD, 4K) dont la plateforme propose une offre adaptée au tarif plus élevé, et auxquelles il faut bien sûr faire correspondre de nouveaux équipements (TV, smartphones…).
Exploitation minière
Or, cuivre, nickel, zinc, étain, arsenic, gallium, germanium, thallium, tantale, indium. Les terres rares ne portent pas bien leur nom. On en trouve en abondance dans nos sols. Mais leur extraction en quantité exploitable est extrêmement complexe. Seuls les sous-sols de certains pays offrent une concentration suffisante pour rentabiliser l’extraction. Comme pour toute activité minière, les techniques utilisées sont nocives à souhait, c’est peu dire, pour l’environnement, mais aussi, il s’agit de ne pas l’oublier, pour l’humain qui y perd la santé. Acide sulfurique, mercure ou encore cyanure sont nécessaires à l’extraction chimique de ce qui ornera par la suite nos beaux objets connectés19. Sans ces terres rares, impossible de produire les composants électroniques des serveurs, ordinateurs portables, smartphones, téléviseurs, box Internet, relais télécoms, routeurs, imprimantes, four à micro-ondes, tapis de courses, trottinettes électriques, console de jeux, la liste est infinie. On découvre régulièrement que les humains qui œuvrent au péril de leur vie dans ces gigantesques trous de terre sont encadrés par les armes ou tenus par la faim, employés par des milices mafieuses opérant la sous-traitance de sociétés-écrans de grands groupes industriels ayant établi leurs quartiers en Afrique centrale ou en Asie grâce à de juteux accords commerciaux négociés avec les pays en question. Au Congo par exemple, il est dorénavant avéré que ce sont, la plupart du temps, des enfants qui extraient le cobalt nécessaire à la production des batteries de smartphone20.
Tableau peu reluisant donc de ces multinationales occidentales qui externalisent la destruction environnementale de leur économie du numérique dans des pays déjà minés par la grande précarité, le néocolonialisme industriel et les crises climatiques sévères. Netflix, en démocratisant et popularisant le streaming, se fiche éperdument de rendre esclave des régions de la planète des nouveaux usages d’Internet qu’il sanctuarise comme du Progrès. Parce que bien difficile est la vie de celui qui, aujourd’hui, choisit de vivre sans box Internet, sans smartphone et sans ordinateur portable. De la même façon que la norme est à la transition numérique à marche forcée pour remplir ses impôts et imprimer ses timbres, la SVOD fait partie de ces nouveaux usages qu’on sanctuarise en nouvelle tendance nécessaire, fenêtre sur le monde, apport culturel désirable. Les publicitaires, vendeurs de télé ou fournisseurs d’accès à Internet s’emploient sans cesse à nous faire adhérer au culte de la nouveauté et de l’instantanéité, et laissent croire que la SVOD n’a pas plus d’impact que la consultation d’un article sur Wikipedia, qu’Internet et ses flux n’ont pas de prix, pas de coût, ni d’odeur.
Mais le matériel nécessaire au numérique n’est pas immatériel, ni immortel. L’obsolescence culturelle est probablement tout aussi tragique et pernicieuse que sa cousine « programmée ». L’innovation technologique, même mineure, associée à une communication efficace, permet aux fabricants de nouvelles technologies de pousser au renouvellement de nos outils numériques. La durée d’usage d’un smartphone est ainsi évaluée à deux ans. Mais les créateurs de contenu peuvent aussi niveler par le haut la demande énergétique et nécessiter des appareils toujours plus puissants. L’arrivée de Netflix a de fait accompagné l’allongement du crédit Internet alloué par les opérateurs dans leurs forfaits mobile, mais aussi poussé à répondre aux exigences que demandait le fait de regarder des vidéos sur ses smartphones et tablettes : écrans plus fidèles, plus grands, autonomie allongée, meilleures enceintes, réduction du poids et de l’encombrement… Les usages imposés par le streaming et la mobilité poussent les constructeurs à renouveler et améliorer sans cesse les performances de leurs téléphones, chose dont ils sont aussi les acteurs puisque cela leur permet de légitimer leur communication poussant au renouvellement précoce de leurs jouets, et donc d’augmenter leurs recettes. Quant aux applications, on en taxe certaines d’obésiciels tant l’implémentation de toujours plus de fonctions et de nouveautés semble avoir pris le pas sur l’optimisation, et donc sur l’économie énergétique21.
Net d’impôt
Netflix se défend de s’investir à ce sujet, car il est vrai que son succès est aussi dû à une constante amélioration de l’encodage de ses vidéos, et donc de la réduction de leur masse de données. De fait, l’entreprise excelle dans l’adaptabilité de la compression en fonction de l’activité de la vidéo ; elle diffère si la scène est lente ou rapide, bien ou peu éclairée, colorée ou terne. Les données peuvent plus ou moins être économisées sans que cela ne se voit trop à l’écran. Mais ce n’est pas tant pour verdir son image que pour tempérer le coût de ses data-centers, afin de réduire sa consommation de bande passante, que Netflix s’est professionnalisé dans la quête de la meilleure compression vidéo possible22. On n’attend pas grand-chose de telles multinationales en matière d’écologisme. Seuls les investisseurs doivent être choyés. Et malgré une concurrence qui montre les muscles, Netflix se porte bien. Son chiffre d’affaires en 2017 s’élève à 11,6 milliards de dollars, et la vitesse de sa croissance augmente chaque année. Sa domiciliation fiscale s’établit du côté des très avantageuses Îles Caïmans ou du paradis fiscal américain le Delaware. L’entreprise ne paye donc pas un centime d’impôt en France sur les bénéfices qu’elle y réalise, pourtant estimés à 500 millions d’euros23.
Par ailleurs, le service de SVOD n’est pas non plus soumis à « l’exception culturelle française », qui, derrière son appellation pompeuse, encadre et prévoit notamment une redistribution partielle des bénéfices des gros producteurs culturels afin de financer la création d’œuvres françaises. Comme chaque fois qu’une entreprise du nouveau monde numérique vient imposer sa loi ici-bas, l’occasion est opportunément saisie par le pouvoir actuel pour déréguler le service public afin de le mettre en concurrence du privé, ce dernier donnant évidemment la marche à suivre en matière de progrès. Certes, la réforme de l’audiovisuel tout juste annoncée montre les dents, en obligeant Netflix et consorts à financer à hauteur de 16 % de leur chiffre d’affaires en France les œuvres françaises, mais console immédiatement l’intéressé en promettant l’assouplissement des fameuses règles de diffusion qui contraignent jusqu’alors Netflix à attendre 36 mois après la sortie en salles des films pour les proposer sur sa plateforme. Et puisque celle-ci investit déjà à son bon vouloir dans la production française, dans l’intérêt d’en faire du contenu Netflix Original, la contraindre avec tant de légèreté n’aura proprement aucun réel impact négatif sur son activité, mais constituera assurément un bel effet d’annonce pour le gouvernement. Ceci étant fait, il pourra incorporer dans cette réforme la rationalisation (entendons la précarisation) du service public de l’audiovisuel en fusionnant Radio France et France Télévisions, la création d’un service de SVOD français payant malgré qu’il incorpore les chaînes privées et publiques (« Salto »), et la réitération surprise d’Hadopi, dans son rôle de répression du téléchargement illégal24.
- http://video.lefigaro.fr/figaro/video/kim-dotcom-diffuse-sur-le-net-des-images-de-son-arrestation-musclee/247 5646006001/
- https://www.journaldunet.fr/web-tech/dictionnaire-du-webmastering/1203399-p2p-peer-to-peer-definition-traduction-et-acteurs/
- https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/06/27/le-site-de-telechargement-t411-ferme-a-la-suite-d-une-descente-de-la-police-suedoise_5151816_4408996.html
- https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/canal-plus-a-perdu-un-demi-million-d-abonnes-en-un-an-1109020. html
- https://www.liberation.fr/france/2019/08/08/bein-sports-degringolade-du-nombre-d-abonnes_1744005
- https://www.businessinsider.fr/le-cofondateur-de-netflix-explique-comment-est-ne-ce-qui-netait-au-depart-quun-service-de-location-de-dvd/
- https://www.huffingtonpost.fr/2013/06/19/liquidation-judiciaire-virgin-megastore-remercie-clients_n_3463747.html
- https://www.numerama.com/tech/464686-samsung-arrete-les-lecteurs-blu-ray-mauvaise-nouvelle-pour-le-monde-de-la-ultra-haute-definition.html
- https://www.francetvinfo.fr/culture/series/netflix/enquete-franceinfo-comment-netflix-sy-prend-pour-nous-rendre-accros_3189939.html
- https://www.journaldugeek.com/2018/02/28/netflix-700-contenus-originaux-2018/
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- https://www.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2018-2-page-29.htm
- https://biiinge.konbini.com/reviews/bandersnatch-bien-plus-meta-flippant-croyez/
- https://www.bfmtv.com/tech/a-lui-seul-netflix-represente-15percent-de-la-bande-passante-mondiale-1536343.html
- https://www.20minutes.fr/high-tech/2286311-20180608-microsoft-centre-donnees-installe-sous-mer-large-ecosse
- https://lejournal.cnrs.fr/articles/numerique-le-grand-gachis-energetique
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- https://www.cairn.info/revue-projet-2018-2-page-90.htm
- https://interstices.info/le-syndrome-de-lobesiciel-des-applications-energivores/
- https://www.francetvinfo.fr/culture/series/netflix/enquete-franceinfo-comment-netflix-sy-prend-pour-nous-rendre-accros_3189939.html
- https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-combines-de-netflix-pour-reduire-son-impot-grace-aux-paradis-fiscaux-1309457
- http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18683953.html