Mort de Daunte Wright, tué par la police de Brooklyn Center

Dimanche après-midi, Daunte Wright, jeune homme noir de 20 ans, a été tué par la police de Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis. Alors que les projecteurs sont braqués sur le procès de Derek Chauvin dans le cadre des suites judiciaires qui sont données au meurtre de George Floyd, ce nouveau crime ravive la séquence de révoltes initiée en mai 2020 et met en lumière le caractère systémique des violences policières.

Dimanche après midi, Daunte Wright, jeune homme noir de 20 ans, a été tué par la police de Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis.

Alors qu’il était au volant de sa voiture en compagnie de sa petite amie, il est stoppé par une unité de police en raison d’une plaque d’immatriculation expirée et de la suspension d’un désodorisant à son rétroviseur intérieur1.

Une fois arrêté, les officiers de police réalisent que Daunte Wright est sous mandat d’arrêt pour des faits mineurs et cherchent à l’interpeller. Pris de panique, le jeune homme retourne dans son véhicule et l’officière Kim Potter, présidente du syndicat de police local, fait feu. Daunte Wright succombera de ses blessures après avoir été laissé plusieurs heures durant au sol, sans s’être vu prodiguer le moindre soin. Il était le père d’un enfant d’un an.

Dans un communiqué publié le jour même, le département de police de Brooklyn Center a cherché à protéger Kim Potter en prétextant qu’elle aurait confondu son arme à feu avec un taser. La policière occupe pourtant un poste de vétéran dans sa brigade, après plus de 26 ans de service.

Quelques heures plus tard, la nouvelle se propage dans le quartier et des rassemblements s’organisent à l’initiative des habitants. Face à leur colère, des unités anti-émeutes sont déployées, accompagnées de la garde nationale et de dizaines de véhicules blindés. Dès le dimanche soir, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, déclare la mise en place d’un couvre-feu (dont le dernier en date remontait à juin dernier et à la séquence de révoltes ouverte suite à la mort de George Floyd). Hier, Jacob Frey, maire de Minneapolis, a annoncé l’établissement d’un état d’urgence afin de contenir les soulèvements.

Pourtant, le dispositif sécuritaire s’est vu mettre en échec durant deux nuits consécutives, au cours desquelles révoltes, pillages et affrontements entre habitants et forces de l’ordre ont ébranlé la ville. Les tirs de mortiers et l’insubordination populaire ont ainsi fait face à une violente répression, caractérisée par un usage massif de gaz lacrymogènes, de LBD et par des dizaines d’arrestations.

Symbole du caractère systémique de ces crimes policiers, le meurtre de Daunte Wright est survenu à moins de 20 km du lieu où George Floyd a été tué en mai dernier par Derek Chauvin, officier de police du département de Minneapolis dont le procès est actuellement en cours. Ce crime fait également écho à la mise à mort de Philando Castile, 32 ans, tué en 2016 par la police de Minneapolis après avoir été arrêté au volant de son véhicule en raison d’un feu arrière défaillant.

En moins de deux semaines, les policiers états-uniens ont abattu Adam Toledo, 13 ans, à Chicago ; Anthony Alvarez, 22 ans, à Chicago ; Iremamber Sykap, 16 ans, à Honolulu ; et désormais Daunte Wright, 20 ans, à Brooklyn Center. Cette trop longue liste illustre le traitement réservé aux personnes non-blanches (en particulier noires) issues de classes populaires aux États-Unis et fait écho à la manière dont ces populations sont traitées ici en France. La mise à mort de Daunte Wright résonne d’ailleurs avec celle de Gaye Camara en janvier 2018, abattu d’une balle derrière la tête par la BAC d’Épinay-sur-Seine alors qu’il était au volant de sa voiture, ou encore celle d’Olivio Gomes, tué décembre 2020 par un policier à Poissy alors qu’il conduisait son véhicule.

L’État du Minnesota, dont dépendent le Brooklyn Center Police Department et le Minneapolis Police Department, respectivement responsables de la mort de Daunte Wright et de George Floyd, a entrepris de vastes plans de réforme des services de police au cours de ces 5 dernières années. Suite à la mort de Philando Castile en 2016, 12 millions de dollars ont été dédiés à la formation des officiers de police de l’État. Ces investissements massifs, censés « réformer la police » en palliant aux lacunes dont elle souffrirait et mettre fin aux crimes policiers, sont tout bonnement inopérants.

Et pour cause : ces crimes ne sont pas symptomatiques de mauvaises pratiques dont feraient état les forces de police, mais bien de ce qui est leur fonction la plus élémentaire : cibler, réprimer et mater les populations non-blanches afin de maintenir l’ordre social capitaliste et la suprématie blanche. Réformer la police ne suffit donc pas : il est plus que jamais nécessaire de lutter pour son abolition et de promouvoir des formes d’autodéfense populaire face aux classes dominantes et au système qu’elles nous imposent. Seul le peuple sauve le peuple.

Mort de Daunte Wright, tué par la police de Brooklyn Center
  1. Loi en vigueur dans l’État de Minnesota interdisant de suspendre au rétroviseur de son véhicule tout objet susceptible d’obstruer la visibilité du conducteur. Motif récurrent utilisé par les forces de police afin de cibler spécifiquement les personnes noires au volant de leur véhicule.
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