L'Ukraine et la propagande de guerre états-unienne

Le coup d’État de 2014, soutenu par les États-Unis, contre le gouvernement élu d’Ukraine, doit être le point de départ de toute discussion portant sur la crise actuelle. Cette situation a été fabriquée de toute pièce par Joe Biden, qui était la personne de référence de l’administration Obama lorsqu’il s’agissait d’utiliser l’Ukraine comme un moyen permettant de déstabiliser la Russie.

Les médias dominants défendent toujours l’État, et ils ne sont jamais aussi dangereux que lorsque la nation est sur le pied de guerre. En ce moment, le gouvernement des États-Unis envoie des armes en Ukraine. Les références constantes à « l’aide létale » ne sauraient nous tromper. Les euphémismes et les subterfuges sont nécessaires pour une raison très simple : tout le monde, à l’exception du camp belliciste de Washington, sait que provoquer une guerre avec la Russie est extrêmement dangereux.

Joe Biden reprend là où il s’est arrêté, en son ex-qualité de vice-roi de Barack Obama en Ukraine. Lui et son équipe de conseillers en politique étrangère incompétents ont inventé une histoire à propos d’une prétendue attaque russe imminente contre l’Ukraine. En réalité, ce sont les États-Unis qui attisent la guerre, incitant les Ukrainiens à se lancer dans un combat qu’ils ne peuvent pas gagner. En 2014, un coup d’État soutenu par les États-Unis a mis au pouvoir une clique d’extrême-droite. Les habitants de la région du Donbass (à l’est, en grande partie des Russes ethniques) ne voulaient pas faire partie du nouveau gouvernement anti-russe et ont demandé l’autonomie. La guerre qui en a résulté a tué près de 30 000 personnes.

L’équipe de Biden, qui a publiquement insulté le gouvernement chinois et s’est retirée d’Afghanistan sans même être en mesure de sécuriser un aéroport important, a désormais ouvert la boite de pandore à l’égard de l’autre grande puissance nucléaire mondiale. Ils utilisent l’Ukraine dans un effort malavisé pour instiguer ce qui pourrait conduire à un désastre.

Le coup d’État de 2014 contre le président ukrainien élu a eu lieu en partie parce que les Russes ont sous-estimé la portée de la détermination des États-Unis et de l’OTAN. Ils en ont toutefois rapidement pris la mesure et les Criméens, qui sont pour la plupart d’origine russe, ont voté pour rejoindre la nation dont ils faisaient partie jusqu’en 1954.

Les efforts des États-Unis et de l’OTAN en faveur d’un changement de régime ont eu un prix conséquent pour l’Ukraine. En raison de l’ingérence atlantiste, elle est aujourd’hui le pays le plus pauvre d’Europe et n’obtiendra pas l’adhésion à l’OTAN et à l’UE qui lui avait été promise. Elle reste aujourd’hui un pion entre deux puissances.

Les États-Unis sortent tous les schémas de guerre hybride de leur boîte à outils. Pendant des mois, ils ont prétendu que les troupes russes étaient massées à la frontière, prêtes à envahir. Ils se sont engagés dans la diplomatie, mais seulement pour essayer d’obtenir ce qu’ils voulaient. La Russie est restée inflexible, exigeant la garantie que l’OTAN n’empièterait plus sur son territoire et retirerait ses missiles de sa frontière. Les Français et les Allemands sont des incapables et font ce que Washington leur demande. Ils devraient plutôt faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle respecte l’accord de Minsk II, qui exige des pourparlers avec la région séparatiste du Donbass.

Aucune de ces informations n’est transmise au peuple américain qui vit dans une ignorance orchestrée par les républicains, les démocrates et leurs amis des médias dominants. Les sénateurs républicains qui veulent se présenter aux élections présidentielles se surpassent les uns les autres en racontant des sornettes sur l’arrêt du gazoduc Nord Stream II que l’Allemagne, alliée des ÉtatsUnis, a demandé aux Russes de construire. L’hiver arrive, littéralement, et l’Europe a besoin du gaz russe. Mais s’ils ne cessent de suivre les brimades de l’Oncle Sam, ils se retrouveront sans rien.

Désormais, Washington utilise le même stratagème qu’en Éthiopie. Ils ont déclaré que « les Russes arrivent » et ont même annoncé l’évacuation des familles du personnel de l’Ambassade américaine de la capitale, Kiev. Les États vassaux que sont l’Australie et le Royaume-Uni leur ont emboîté le pas, mais un fonctionnaire de l’Union européenne s’est montré réticent : « Nous n’allons pas faire la même chose parce que nous n’en voyons aucune raison spécifique. » Le gouvernement ukrainien, une colonie américaine de facto, a témoigné de son mécontentement en qualifiant ces évacuations de « prématurées ».

Si la main droite ne sait pas ce que fait la gauche, nous pouvons alors en conclure que de gros mensonges sont en train d’être racontés. Les États-Unis ont été pris à leur propre piège et n’ont plus qu’une dangereuse fanfaronnade dans leur poche pour mettre leurs alliés au pas.

Biden fait partie du problème qu’il a lui-même créé. Lors d’une récente conférence de presse, il a déclaré que la Russie était sur le point d’envahir le pays, mais il a ensuite affirmé qu’une petite invasion ne serait pas si mal après tout. Il n’est pas clair s’il parlait dans son état de confusion habituel ou s’il pensait vraiment ce qu’il disait.

Les Russes pensent certainement ce qu’ils disent. Tandis que le secrétaire d’État Antony Blinken se précipite de Moscou à Berlin, de Londres à Moscou, semblant inventer des choses au fur et à mesure de ses voyages, les Russes tiennent tête et indiquent clairement que l’époque où ils se laissaient faire est révolue. Les États fantoches les plus fidèles, comme le Royaume-Uni, font tout ce que Washington désire. On peut compter sur eux pour répéter l’histoire non sourcée d’un plan russe prévoyant de renverser le gouvernement ukrainien, ou quelque chose de tout aussi absurde.

Les personnes les plus susceptibles d’utiliser un événement sous fausse bannière pour justifier une guerre prétendent au contraire que l’autre partie va l’initier. Le résultat est une situation qui pourrait mal tourner à la moindre provocation, ou à tout acte perçu comme tel.

Le peuple américain devrait simplement dire non. L’administration Biden se trompe lourdement si elle pense que la population est d’humeur à entrer en guerre avec une autre puissance nucléaire. Ils peuvent qualifier les armes et les munitions envoyées d’aide létale s’ils le souhaitent, mais lorsque la mèche sera allumée, ils ne pourront s’attendre à aucun soutien.

Après tout, il se pourrait que ce conflit larvé ait lieu pour cette même raison : Biden a échoué à presque tous les égards et risque une défaite électorale pour son parti en novembre. Il estime peut-être qu’il serait soutenu par des personnes qui n’ont aucune confiance dans sa capacité et sa volonté de faire quoi que ce soit en leur nom…

Si les hostilités sont évitées, ce sera grâce à des forces extérieures aux États-Unis. L’équipe d’incompétents assoiffés de sang de Biden a passé la majeure partie de l’année dernière à prédire une invasion chinoise de Taïwan. Il n’est pas clair s’ils s’en sont lassés, ou s’ils ont vu une opportunité plus intéressante en Ukraine.

Personne ne doit se laisser berner par ces gens. La Russie et la Chine sont très proches, « plus que des alliés », comme l’a dit Xi Jinping. Pourquoi ne le seraient-elles pas ? Les deux pays veulent se protéger des agressions américaines. Les gens de ce pays feraient mieux de compter sur la sagesse et l’expérience russes et chinoises. Si les États-Unis sont autorisés à faire ce qu’ils veulent, le monde entier est en danger. Cette déclaration n’est pas une hyperbole. Les États-Unis se sont retirés d’accords sur les armes nucléaires vieux de plusieurs décennies et poussent maintenant le monde vers le précipice.

Le New York Times et le Washington Post joueront le rôle qu’ils ont joué en 2003 lorsque les États-Unis ont envahi l’Irak. Ils répéteront ce que les porte-parole leur disent de dire et seront partie prenante de la guerre. S’il y a un moment où il faut se libérer de la désinformation médiatique, c’est bien celui-là. Ils n’ont rien à offrir, si ce n’est la propagande de guerre, et peut-être la guerre elle-même.

Par Margaret Kimberley. Article initialement publié en anglais sur le site du magazine Black Agenda Report.

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