Italie : Licencié par ArcelorMittal pour avoir partagé un post sur une série télé

Peut-on être viré pour un post Facebook invitant à regarder une série télévisée ? Pour l’entreprise ArcelorMittal à Taranto, c’est possible : Riccardo, ouvrier dans l’aciérie qui empoisonne cette ville du sud de l’Italie, est victime du fascisme des entreprises et du climat de terreur qui règne dans l’usine. Quand un « like » dérange le patron : l’histoire est incroyable mais pas du tout inhabituelle.

Chez l’aciérie d’ArcelorMittal (ex-Ilva) à Taranto, un travailleur a été licencié pour avoir partagé sur les réseaux sociaux une capture d’écran invitant à voir la fiction Svegliati Amore Mio à la télé. Ce licenciement a eu lieu après que la société ait imposé à certains travailleurs une sanction disciplinaire avec suspension immédiate du travail, exclusion du lieu de travail et demande de justification dans les 5 jours, pour avoir publié sur leur profil Facebook l’invitation à regarder cette fiction.

ArcelorMittal accuse les employés d’avoir présenté la direction de l’usine sous un mauvais jour, même si dans la série télévisée il n’y a pas de référence à ArcelorMittal et/ou si les faits rapportés datent d’une dizaine d’années, donc peut-être à l’époque de la précédente direction menée par la famille Riva.

Ce n’est pas la première fois qu’ArcelorMittal tente de bâillonner les travailleurs qui, à ce stade, sont également privés de la possibilité d’avoir et de partager une opinion sur les effets avérés de l’activité industrielle sur la santé et l’environnement. « Ce n’est rien d’autre qu’une attaque très grave contre la démocratie et en particulier contre la liberté d’expression et d’opinion », a dénoncé Francesco Rizzo, coordinateur de l’Unione Sindacale di Base (USB) chez ArcelorMittal à Taranto.

Il s’agit d’un nouvel affront, comme ce qui a été fait précédemment à toute la communauté de la zone ne suffisait pas, ce qui ajoute aux dommages la moquerie. Travail précaire et absence totale de sécurité, émissions polluantes dangereuses pour la santé humaine, usines délabrées et dangereuses, relations avec les syndicats et les institutions réduites à zéro, situation désastreuse pour les entreprises impliquées dans le contrat, et une vague de chômage partiel.

La tentative continue d’entretenir à tout prix un climat de peur à l’intérieur de l’usine est extrêmement grave. Le fait que la direction d’une entreprise scrute les pages Facebook de ses employés et adopte des sanctions à l’encontre de ses employés qui approuveraient, partageraient ou commenteraient des nouvelles désagréables pour l’entreprise, se produit souvent. Les entreprises invoquent l’article sur la « déloyauté de l’entreprise » pour sanctionner ceux qui les font mal paraître. Et parfois, même un like sur le post mal vu par les patrons suffit…

En bref, nous sommes au-delà de la « police de la pensée » et bien au-delà de la violation de la liberté d’expression par les entreprises. Ce licenciement est un signe supplémentaire du régime dictatorial qui est imposé sur les lieux de travail, où les travailleurs sont non seulement contraints de subir une exploitation dans des conditions injustes et nuisibles, mais sont également affectés dans leurs libertés constitutionnelles fondamentales.

L’Unione Sindacale di Base appelle à la grève des travailleurs d’ArcelorMittal, avec un rassemblement permanent devant la direction de l’aciérie de Taranto, à partir de 7 heures mercredi 14 avril. Cette mobilisation contre le fascisme d’entreprise vise à exiger que cette multinationale, son PDG et ses disciples soient immédiatement expulsés de Taranto.

La mobilisation est nécessaire pour mettre fin à une gestion insensée, celle d’ArcelorMittal et de sa PDG Lucia Morselli, qui jusqu’à présent n’a donné qu’un seul résultat : installations délabrées et dangereuses en raison du manque chronique d’entretien ; aggravation des phénomènes d’émission en raison de la détérioration des installations ; retards continus dans le paiement des salaires des travailleurs contractuels et le retrait des entreprises plaignantes ; embauche de cadres, déjà retraités avec l’amiante face à plus de 4.000 travailleurs condamnés à vivre en chômage partiel pour quelques centaines d’euros ; non-respect des accords pour la sauvegarde des usines ; absence totale de relations syndicales et climat de terreur à l’intérieur de l’usine ; mesures d’expulsion prétextuelles, dont la plus récente est le licenciement d’un travailleur coupable d’avoir partagé un post sur Facebook dans lequel il conseillait le visionnage de la série télévisée Svegliati amore mio.

Le licenciement de ce travailleur qui avait écrit sur la santé et l’environnement montre que le droit à la santé, le droit au travail et le droit à la liberté de pensée sont soit défendus ensemble, soit niés ensemble. Le fascisme des entreprises, la dévastation de l’environnement et la mise en danger de la santé de milliers de travailleurs et de leurs familles doivent être arrêtés immédiatement.

Andrea Mencarelli est doctorant en macroéconomie internationale et correspondant à Paris de contropiano.org

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