France-Italie : Sept exilés arrêtés à Paris à la demande du « parti de la vengeance »

De la fin des années 1960 au début des années 1980, l’Italie a été le théâtre d’un affrontement de classe sans équivalent dans l’Europe occidentale de l’après-guerre, incluant des formes armées. Pour échapper à la répression brutale qui s’est abattue sur l’ensemble du mouvement révolutionnaire, de nombreux militants se sont réfugiés en France, y obtenant l’asile politique au bénéfice de ce qui a été appelé la « doctrine Mitterrand ». 40 ans plus tard, cédant aux pressions d’un État italien qui poursuit une vengeance sans fin contre celles et ceux ayant osé le défier, le gouvernement français vient d’ordonner l’arrestation de sept exilés sur le territoire national (trois autres étant encore recherchés). Cette décision, prise au plus haut sommet de l’État, s’inscrit évidemment dans la « guerre contre le terrorisme » menée depuis plus de vingts ans par les pays occidentaux qui se traduit par une multiplication des interventions impérialistes à l’extérieur, tout en conduisant à une recrudescence d’attentats à l’intérieur et en s’accompagnant d’un véritable tournant autoritaire et raciste, dirigé en particulier contre les musulmans de ce pays.

Nous transmettons ci-dessous le communiqué signé par nos camarades de la Rete dei comunisti (Italie).

Arrêter des personnes qui avaient obtenu l’asile 40 ans plus tard est une honte pour l’image internationale de la France et l’illusion que la France se fait de soi-même (pays des droits de l’Homme, de la liberté, etc.). L’État français revient sur sa politique à la demande d’un autre État, alors que les procédures utilisées pour imposer les peines avaient été jugées, à l’époque, incompatibles avec les principes de l’État de droit français.

Rien n’a changé dans le droit italien au cours de ces 40 dernières années. Au contraire, l’État italien a aggravé sa compression du droit de la défense.

Aucun des détenus n’a été impliqué dans un quelconque acte répréhensible par la justice durant cette période (40 ans, en fait !). De plus, on parle de personnes désormais âgées, toutes proches des 70 ans, qui ne représentent pas vraiment de danger pour qui que ce soit.

L’empressement de l’Italie à se venger est déjà incompréhensible en soi, sur le plan historique et juridique.

Mais que la France déchire la « doctrine Mitterrand » pour les réfugiés politiques de n’importe quel pays, sans aucune raison, est un précédent dangereux et honteux.

Après la demande de l’Italie, les demandes de certains régimes dictatoriaux d’Amérique latine, d’Afrique ou d’Asie seront-elles également satisfaites ? Quelle sera la nouvelle limite ? Et comment les réfugiés d’un pays peuvent-ils être sûrs que le gouvernement français ne les extradera pas pour de basses raisons de « bon voisinage » ?

Liberté pour les exilés italiens arrêtés sans raison après 40 ans !
La France doit réaffirmer les principes de la « doctrine Mitterrand » !
La gauche française doit prendre position et stopper cette barbarie vindicative !

Paris, 28/04/2021

Rete dei Comunisti (Italie)
rdc.internazionale@gmail.com

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