Face au Coronavirus et à Macron : prévention populaire

La crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, après la Chine, l’Italie, la Corée du Sud et l’Iran est en train d’atteindre la France, et le nombre de victimes va vraisemblablement augmenter fortement dans les semaines à venir.

On connait les causes de ce qui nous arrive : le désastre écologique provoqué par des politiques néolibérales de pillage des ressources et destruction de la planète, la responsabilité de l’agriculture capitaliste, la priorisation systématique du profit sur la vie pour ceux qui nous gouvernent.

D’ailleurs, le gouvernement – davantage intéressé à retarder le plus possible l’arrêt des activités économiques et à essayer de gagner les élections municipales – semble tout miser sur une prétendue supériorité de moyens dans les hôpitaux français par rapport à l’Italie voisine. Mais on sait bien, parce que les luttes des soignants nous l’ont appris, ce qu’il en est des moyens et des conditions de travail dans les hôpitaux français après les reformes récentes et grâce notamment au gouvernement Macron. L’adresse pleine d’émotion de Macron aux « héros en blouses blanches » n’aura trompé personne, car s’il est un hommage à rendre, c’est à toutes les soignantes et les soignants qui se battent depuis des années contre la destruction de l’hôpital public par ce même gouvernement qui prétend leur rendre hommage.

Cependant les conséquences réelles de l’épidémie dépassent de loin le seul cadre des politiques de santé publique. La crise financière inédite déclenchée par la baisse du prix du baril de pétrole en réaction à la baisse de l’activité économique en Chine aura des répercussions sociales profondes si elle perdure, répercussions qui entraîneront au moins autant de morts que ceux déjà causés par les symptômes du virus lui-même. On sait, en la matière, que le gouvernement applique toujours la même politique : le renflouage systématique des banques avec l’argent public, au détriment de toutes celles et ceux dont la survie dépend directement des structures de solidarité.

Il ne s’agit pas de céder à la panique, il s’agit d’affronter la situation et anticiper notre intervention dans ce nouveau contexte. La question qui se pose pour nous est la suivante : que peut-on faire pour défendre les nôtres ? Parce qu’on sait bien qui payera le plus cher les conséquences de cette pandémie : les plus fragiles, les malades, les vieux, les plus isolés, ceux qui n’ont pas un toit pour #resterchezsoi, ou pas les moyens de renoncer à plusieurs semaines de salaire, les femmes qui s’occuperont en large majorité des malades, les précaires qui perdront leur emploi, les mères isolées face aux écoles et aux crèches fermées, les femmes victimes de violence qui se retrouverons enfermées avec leur bourreau, les prisonniers enfermés dans des prisons surpeuplés… La guerre sociale continue donc, et elle accélère ses logiques et ses conséquences à travers l’épidémie.

L’urgence est alors pour nous de réfléchir à de nouvelles formes d’organisation, car le discours de Macron est bien la preuve que c’est à nous de prendre les choses en main. Après des mois, des années, de lutte, on sait qu’un réseau important de solidarités et de conflit de classe/populaire existe en France. Il s’agit aujourd’hui de le renforcer et de s’adapter à cette nouvelle situation. Utilisons l’intelligence tactique que le mouvement de Gilets Jaunes nous a apprise, pour imaginer des nouvelles formes de lutte et d’être ensemble dans ce nouveau contexte et face à ce nouveau défi.

Ce qu’il nous faut donc penser aujourd’hui c’est comment adapter encore une fois nos pratiques à une situation changée. Mais aussi comment continuer à lutter ensemble sans se mettre en danger et, surtout, mettre en danger ceux parmi nous qui ont le moins de ressources. Une manifestation sur les Champs est prévue demain et nous y avions appelé. L’hypocrisie du gouvernement, qui interdit les manifestations mais maintient les élections, est insupportable. Mais cet opportunisme ne doit pas nous mener, de notre côté, à nier la réalité du danger. Néanmoins, et à l’image des positions qui animent notre collectif, nous considérons que c’est à chacun de décider de s’y rendre ou pas. L’hypocrisie du gouvernement, qui interdit les manifs mais maintient les élections, est insupportable.

Si l’objectif affiché est de garantir la bonne tenue de la vie démocratique, nous pensons que cette manifestation était plus importante pour l’avenir de la démocratie en France que de maintenir coûte que coûte le scrutin du premier tour des élections municipales. D’autre part, il ne fait aucun doute que la mesure la plus efficace pour enrayer le développement de la maladie aurait été de bloquer les transports en commun dans les métropoles. Mais le gouvernement refuse sans surprise de prendre cette décision et affiche de nouveau sans scrupules ses priorités : la priorité à l’ordre et aux intérêts du patronat.

D’un autre côté, il nous faut aussi prendre en charge de sérieuses questions de responsabilité collective et de pertinence, car la lutte reste plus que jamais notre priorité : se défendre, briser l’isolement que les mesures à venir vont produire, imaginer et mettre en place de nouvelles formes d’entraide populaire, de lutte et de vie commune. Pourquoi pas, en s’inspirant aussi de ce que les camarades dans d’autres pays sont en train de mettre en place

Parmi les idées à creuser : un revenu de quarantaine pour soutenir les plus précaires, l’amnistie pour tous les prisonniers, le gel des loyers, l’arrêt du travail pour tous et toutes, la réquisition des cliniques privées …

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