Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées en fin d’après-midi Place Herriot, derrière l’Assemblée nationale, contre le projet de loi « Sécurité globale » qui était discuté par les parlementaires au même moment. On notait dans la foule une moyenne d’âge particulièrement jeune avec la présence de beaucoup de lycéens. Mais également des militants écologistes, des syndicalistes, des précaires, des intermittents du spectacle et de nombreux Gilets Jaunes, qui fêtaient le deuxième anniversaire de leur mouvement. Plus tôt dans l’après-midi un rassemblement s’était tenu avec succès devant la Sorbonne en opposition à la LPPR.
Bref la composition était multiple et les slogans variés : « Filmons la police », « Loi Sécurité Globale : Surveiller et Punir », « Vos armes contre nos caméras », « Démasquons la mascarade », ou encore le désormais traditionnel « Tout le monde déteste la police » (et sa version actualisée : « tout le monde filme la police »).
Après différentes prises de parole rappelant les enjeux de cette loi notamment en termes de criminalisation des images d’intervention policière, la foule a débordé sur le boulevard St-Germain, bloquant la circulation. Lorsqu’un barrage des forces de l’ordre s’est constitué à l’entrée du boulevard, la tension est montée d’un cran. Les flics ont lancé leurs premières grenades lacrymogènes, dont l’usage a été abondant tout au long de la soirée.
S’en est suivi une tentative – rapidement avortée – de départ en manif sauvage dans la direction opposée. Alors qu’un incendie se déclarait au croisement avec la rue de Lille, une unité de FDO est intervenue mais, rapidement isolée, a été contrainte de reculer face à une charge des manifestants, puis de se réfugier dans un hall d’immeuble, prise dans ses propres gaz.
À 20 heures passées (horaire officiel de la fin du rassemblement déposé par la Ligue des droits de l’homme), la manif était encore compacte et l’humeur combative, tandis que la police se décidait à faire usage de ses canons à eau. Dans une rue adjacente, une BMW voyait son pare-brise éclaté sous les acclamations ironiques de la foule : « Carglass répare, Carglass remplace ! »
Pris en étau par le dispositif policier, le cortège a ensuite reculé jusqu’au métro Solférino, où une partie des manifestants s’est dispersée. Sur le quai de la ligne 12, l’ambiance était au rendez-vous : « Siamo tutti antifascisti ! »
Malgré les restrictions de déplacement et un quadrillage policier une nouvelle fois démesuré, la manif d’aujourd’hui a témoigné d’une grande détermination populaire à se battre contre la Loi de Sécurité Globale (rebaptisée Loi de Censure Globale) et au-delà contre l’approfondissement de la restructuration autoritaire de l’État.