CONTRE L’ÉTAT AUTORITAIRE : SÉPARATISME POPULAIRE

Appel à rejoindre les #MarchesDesLibertés partout en France le Samedi 5 décembre

Depuis son annonce, la #LoiSécuritéGlobale exerce l’effet d’un catalyseur. Elle a d’abord enclenché des rassemblements énormes partout en France, parfois offensifs mais surtout remarquables dans un contexte de confinement. On pouvait y voir des foules très hétérogènes, assez jeunes, composées aussi bien de militant-es syndicaux, antiracistes, étudiants ou #GiletsJaunes, aux côtés de sociétés de journalistes, de partis politiques de gauche et d’organisations écologistes.

Cette loi sécuritaire met au centre des débats les #ViolencesPolicières et les vidéos qui les documentent. De l’évacuation du camp des exilé-es Place de la République, au tabassage en règle de #MichelZecler, le racisme de la police inonde les écrans depuis plusieurs semaines, relayé par un très large public. En position de faiblesse, le Ministre #Darmanin s’est vu contraint de réagir à ces images qu’il veut pourtant interdire. Forcé de condamner à demi-mots des « dérives », il a même prononcé des suspensions de policiers, dans un temps record pour ce type d’affaire. Son prédécesseur, le pitoyable #Castaner, a ensuite annoncé une réécriture de l’article 24 (concernant les vidéos).

Ces reculs circonstanciels ne tromperont personne. D’autant plus que des mesures similaires ont été insérées dans la loi #séparatisme (notamment dans son article 25) qui sera présentée à l’Assemblée courant décembre. Ils doivent au contraire encourager à comprendre le tournant autoritaire dans une dynamique d’ensemble, qui a pris racine dans l’oppression systémique des quartiers populaires et dont le fer de lance se situe aujourd’hui dans la radicalisation de l’islamophobie d’État. Les dissolutions du #CCIF et de #BarakaCity ainsi que les perquisitions de mosquées, points de bascule fondamentaux du processus autoritaire, doivent occuper une place centrale dans le mouvement en cours. Le rôle décisif des familles de victimes et des collectifs contre les crimes policiers doit également être reconnu et mis en avant, contre un prisme médiatique qui surjoue l’indignation journalistique.

Ne pas franchir ce cap et en rester à une question de « liberté d’expression » reviendrait à se dissocier des fondements de l’autoritarisme, à nier sa dimension raciste. De même, la dissociation vis-à-vis des formes d’expression les plus offensives, comme on a pu le voir suite aux cortèges flamboyants du 28 novembre, notamment à Paris, revient à nier les formes les plus acérées de la violence d’État auxquelles s’opposent ces pratiques. L’ampleur du mouvement en cours nécessite désormais une ouverture à la pluralité des discours et des tactiques, faute de quoi il risque de s’essouffler. Certains de ces porte-paroles auto-désignés semblent déjà avoir levé le pied, faute d’une perspective politique ambitieuse. 

En reconnaissant clairement les fondements de l’autoritarisme, le mouvement contre la Loi Sécurité Globale pourra aussi s’autoriser à élargir son cadre au-delà des mesures gouvernementales visant à renforcer et défendre l’arsenal policier. Dans une société confinée qui impose des laissez-passer pour les déplacements et des couvre-feux à 21 heures, la question des libertés publiques se pose désormais dans le quotidien de toutes et tous. Mises en œuvre par un Conseil de Défense, puisant dans un répertoire colonial, ces mesures sont celles d’un pouvoir autoritaire qui surfe sur les crises pour accentuer son oppression.

Dans les universités, les lycées et les écoles, l’emprise autoritaire se resserre également. Les lycéen-nes se sont confrontés aux mensonges de l’État sur la gestion de la crise sanitaire et à la répression de toute contestation. Dans les écoles élémentaires, des enfants ont été dénoncés et conduits dans des commissariats pour avoir simplement défié l’autorité. Les facs sont aussi dans le viseur, accusées de propager des idées qui ne rentrent pas dans le moule macroniste, via un concept d’islamo-gauchisme directement transféré de l’extrême-droite, qui vise aussi bien les courants antiracistes que le féminisme ou l’analyse critique des inégalités sociales.

Cette loi porte finalement bien son nom. Elle incite à voir large, à ne pas se dissocier, en construisant une opposition globale et frontale face à un pouvoir engagé dans une spirale autoritaire sans fin. 

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